Journal des Garlopotes Juin 2024
Ce matin, il pleut. Mais avant la pluie il y a eu le ballet
des petites hirondelles juste sorties du nid, les
chardonnerets amoureux dans le tilleul et le troglodyte
qu’on ne peut apercevoir que si l’on est parfaitement
immobile. Assise sur le seuil de la porte, à la place du
chien on est restée là un moment à goûter au silence des
oiseaux, au temps arrêté et c’était doux. Que dire
encore ? que faire alors ? se taire et ne rien faire, juste
être là, observer, écouter la beauté ? laisser les urgences
s’essouffler, respirer comme le chien, comme le chat,
comme la petite hirondelle sur le fil qui découvre le
Monde, comme l’abeille sur la bourrache, une chose à la
fois… mais mais mais le moi de mai est passé et pas
vraiment comme une fleur. Les avions continuent de voler à
tire larigot, il semble qu’on doit se contenter de ne pas se
prendre des bombes sur la tronche, de faire le mort ou
d’essayer de devenir sourd muet aveugle ou bien ?
Ou bien continuer de créer avec l’autre des trucs inutiles,
d’écrire des chants, de rassembler les âmes perdues et
solitaires, de se prendre dans les bras et de se laisser
faire. Où est passée l’humanité ? On croyait pas si bien
dire… car c’est une vraie question, très concrète.
La Taupe
