Les Dits de la Taupe, recueil des éditos pour les dix ans de La Taupe. Bon de commande

Édito n°182

Nous revoici, on se croirait à l’époque où la Taupe écrivait ses maux mensuels… aujourd’hui, il y a des chroniqueurs.es à tous les coins de micros. Trop de chroniques tue la chronique… qu’à cela ne tienne, on va le faire quand même puisqu’on se doit de faire circuler nos envies de vous revoir, de vous serrer dans nos bras, de rigoler et de crier notre amour de vous, notre besoin de respirer à pleins poumons, de danser encore tant et plus.

Bref nous revoilà sur notre minuscule tarmac désert pour vous parler de cette surprise qu’on vous réservait il y a peu. Tenir parole, une promesse est une promesse. Envie de croiser des envies et des idées et de partager avec vous un dimanche. Nous allons faire un tricot, une invention, une tentative de tissages d’humanités. Et peut- être ce sera une façon aussi de récupérer un peu de thunes pour alimenter la caisse du festival… ben oui la caisse se vide. La date est fixée au 31 mars, le dimanche de ce qu’on appelle communément le we de Pâques.

La Taupe

Le Dépenaillé du Dimanche, alors qu’est-ce que c’est que cette envie ?

Donc dimanche 31 mars, nous vous attendons à partir de 9h, pour un petit déjeuner ministériel, ou Dépenaillé du dimanche matin.

Le ministère du dimanche a été créé ici sous le règne de Sarko 1er. Lassée d’entendre parler de dîners divers et variés et dispendieux, ici on a inventé Les Dépenaillés, en espérant que ça ferait tâche d’huile, que ça se répandrait partout. Mais là, on a échoué car on rêvait d’un truc autonome, sans leader, et faut croire que nous n’étions pas prêts.es… en bref, il s’agissait d’ouvrir une porte un dimanche matin et de lancer l’invitation. Ça a eu lieu une dizaine de fois. Il n’y avait aucune obligation de se mettre sur son 31, ni de faire le ménage, ni de s’habiller, on pouvait recevoir comme ça en l’état, au saut du lit, et on ne savait pas à l’avance qui viendrait s’il y aurait du monde ou personne. Et chacun.e apportait ce qu’il voulait partager pour le petit déjeuner. Parfois ça durait une matinée parfois une journée. Il se passait ce qu’il se passait ; et pour avoir vécu cette expérience, ben c’était vraiment doux et joyeux. Voilà pour l’historique.

Donc, notre surprise c’est de faire ça, le 31 mars à la place du fameux et traditionnel gigot d’agneau flageolets de famille et de se retrouver pour un super petit déjeuner suivi notamment d’une tombola particulière : La Tombola des Humanités. Pour cette Tombola-là, pas de tourniquette, de robot janette ou de couteau électrique à gagner, non, uniquement des lots suscitant une rencontre par exemple :

– passer une nuit à la Maison du chat bleu

– recevoir une lecture à domicile

– recevoir une carte postale par semaine pendant un mois

– être convié à un pique-nique dans les marais

– faire un tour de canoë sur la Charente

– recevoir un livre

– boire l’apéro au Barrage le bistrot du coin

– se faire tirer les tarots

– recevoir une peinture maison, une tarte maison, un bijou maison

– partager un repas

– passer une nuit dans la kerterre etc… etc….

Si vous voulez proposer un lot à partager… faites nous en part… La suite de ce dimanche, si suite il y a, nous l’inventerons ensemble, avec quelques lectures, chansons et peut-être un mini bal pourquoi pas.

À bientôt donc…

Édito n°181

Un petit « Garlopote », ça peut pas faire de mal; il ne vient pas de derrière les fagots celui-ci, non juste il vient d’une envie de vous revoir par ici, de vous dire qu’on est toujours là à vivre le plus humainement possible.

Salut à vous les gens, et tous nos vœux pour cette nouvelle année qui se lance, vous souhaiter d’aimer la vie, d’aimer être bien, là, sur notre si belle terre qui continue de tourner

Il nous reste la joie d’en être, d’être en vie.

Pour le bonheur il nous faudra attendre encore on dirait.

Cultiver la joie, laisser passer l’obscure pensée, veiller à être en bonne santé, éviter de se juger, de se comparer, pleurer si besoin, et rire, danser chanter, s’aimer, prendre soin de son cœur et du cœur de toutes choses. ouvrir son corps plus que jamais.

Envie de vous partager les mots de Farah, qui vit à Beyrouth et est venue faire le stage voix ici en avril

La vie est tellement absurde dans tous les sens – la guerre, la résistance, l’impuissance, la lutte pour la régénération et la solidarité.

Et l’amour pendant tout ça… de trouver le mariage entre la rage et l’amour est quelque chose de ma vie.

Des moments le chaos est plus rassurant, et à d’autres moments, la persévérance pour trouver la sécurité au milieu de tout ça est un mouvement très lent et condensé de patience qui se tord en formes qui reflètent notre époque, et rien que ça.

On continue à vivre, à faire l’amour, à pleurer et crier, et à prendre soin de notre communauté… c’est ça, simple et impossible.

Comme on dit: L’existence est une résistance.

Merci à toi petite soeur et à bientôt.

De tout cœur avec le peuple palestinien.

La Taupe

  • Alors qu’est-ce qu’on fait ?

Malgré quelques fausses rumeurs, La Maison du chat bleu continue son chemin.

Pour honorer le printemps, il y aura UNE SOIRÉE SURPRISE, on vous dira quand, quand on saura.

Les stages clown et voix, jusqu’à juin sont complets.

Le stage Clown.s d’automne, animé par Anne Danais, se déroulera du 31 octobre au 3 novembre.

Après il nous reste le FESTIVAL à organiser.

Ce sera les 28, 29 et 30 juin 2024, sur le thème

Où est passée l’humanité ?

(avec un petit ou un grand H)

Et comme les années passées vous pouvez créer une Oeuvre en lien avec ce thème dans le cadre du GRAND CONCOURS D’ARTS PLASTIQUES. Ça te dit ??

L’édito de La Taupe n°180

LaTaupe1

La bonne nouvelle ici, c’est que les hirondelles sont arrivées fin mars. Elles ont survolé et salué la maison. Émue de les entendre crier « on est revenues ! ». Depuis elles sont à l’œuvre. Je les aime.
La deuxième bonne nouvelle c’est qu’on prépare le prochain festival qui aura lieu du vendredi 30 juin au dimanche 2 juillet… et que cette année On refait l’Amour. On refait l’Amour parce qu’on l’a déjà fait ce thème il y a dix ans environ, et que ça nous avait fait du bien de baigner dans cette fantaisie-là, dans ces mots, au milieu des cœurs, et de la beauté. Alors on recommence, on va refaire l’Amour comme on refait l’intérieur de sa maison, ou son intérieur à soi, son dedans, son intime, que ce soit doux, joyeux, tendre et vivant. La Vie quoi, protéger et défendre la Vie, la Paix, apportez une once de beau, de belle, de joie, d’humour, de rire, de chants, de cris. Ouvrir un espace, nourrir nos cœurs un peu fatigués quand même, tristes aussi. On va faire ça. Et vous êtes les bienvenu.es, qu’on se retrouve encore avec chaleur et simplicité. Qu’on se raconte que c’est possible de s’aimer, que ce n’est pas naïveté de se raconter ça encore et encore. Tant qu’on a de la Vie dedans, et tout autour ici et là, s’aimer comme on est et faire du mieux qu’on peut.

L’édito de La Taupe n°179

LaTaupe1

ÇA Y EST IL PLEUT ! Ouf comme ça on peut rester dans la maison sans regret même avec un certain plaisir pour la justesse du moment. Ça tombe la pluie et ça tombe bien.
Un p’tit Garlopote de derrière mes fagots, maintenant ça tombe parfaitement. Oui la fête des vingt ans de La Maison du Chat Bleu, commence ce vendredi avec un premier lancé de clownes. Trois reines à la rue, créé le 7 septembre jour de la Sainte Reine, la veille de la mort de la Reine Elisabeth, sera rejoué ce 18 novembre. Si on avait fait attention, on aurait pu jouer le 17 car le 17 novembre c’est la sainte Elisabeth. La Reine Elisabeth nous fait comme un pied de nez, on dirait bien. À un jour près on est raccord elle et nous. Alors vous dire que pour cet événement ou avènement on n’a même pas fait de pub papier, juste le net et le bouche à oreille. Nos vaillants adhérents ne donnent pas beaucoup de nouvelles. Ils sont tellement silencieux qu’on se demande s’ils sont encore vivants. Vivants vivantes, vibrants vibrantes ? On ne va pas extrapoler c’est inutile.
Les gens sont ou ils sont, font comme ils peuvent, hein.
Un salut à vous.

L’édito de La Taupe n°178

LaTaupe1Des raisons d’écrire il y en a plein, des raisons de crier aussi il y en a plein, des raisons de créer il y en a plein, des raisons de prier aussi, beaucoup, des raisons de trier, il y a vraiment de quoi, ça peut prendre la vie entière, des raisons de vriller, y en a des pleins tiroirs, y a de quoi trier oui, de quoi vriller, des raisons de briller bon pourquoi pas, laisser venir la lumière, oui dedans soi faire au mieux, allez d’accord pourquoi ne pas briller après tout c’est l’été. C’est l’été depuis quand en fait, lalalalala c’est l’été, depuis quand c’est l’été, l’été la fête, le soleil, la mer, les pins, les ballades, les balades, le soleil, le soleil, le soleil, le soleilleux, temps ensoleillé, beau temps hein, ouais y a du soleil il fait beau, ouais… ouais, ouais…
Des raisons de déraisonner, des raisons déraisonnables, être déraisonnable c’est bon des fois, des fois on déraisonne, on s’étonne encore de savoir être drôle, on s’étonne de rire, on s’étonne de ne pas tuer, de ne pas tout défoncer, on s’étonne d’être très raisonnable, d’être très sage, à peine insolent·e, à peine vivant·e, à peine vibrant·e, d’être anesthésiée parfois même, presque parti·e ailleurs, presque sans rien ou de trop, plein. On sait plus on déraisonne, on sait plus trop, quoi, comment faire. On est un peu perdu·e et pourtant ici encore c’est l’été. C’est la fête de la saucisse grillée.

L’édito de La Taupe n°177

LaTaupe1C’est pas comme si La Terre ne donnait pas de signes clairs, variés et divers, pas comme si le printemps déshydraté n’était qu’une blague, c’est pas comme si le ciel était juste le ciel, juste là pour recevoir les âmes, les êtres volants, le silence, le vide, les étoiles, l’air, le soleil et la lune, juste un infini fait pour rêver, et non pas un espace de plus à abimer, à conquérir, à envahir, c’est pas comme si ça pouvait continuer de fabriquer des choses laides inutiles à en crever, c’est pas comme si on ne savait pas quand même ! Ce n’est pas comme si ce n’était pas la dernière chance à saisir, l’ultime moment pour s’aimer, se serrer dans les bras, arrêter les guerres intestines, petites et grandes, idiotes, comme si c’était pas le moment de faire la paix, le moment de se taire et d’écouter, s’écouter, se soigner, se bercer, simplement, c’est pas comme si tout allait bien, ou de mieux en mieux sur la Terre. Fou-folle cette capacité à continuer de faire comme si de rien n’était, comme si les choses tournaient rond… Oh oh ! où es-tu ? tu n’entends pas ou quoi ? Tu n’entends pas ? Tu es devenu.e sourd.e ma parole ? Que dis-tu ? Tu dis : Je SAIS. Ah ben voilà, c’est pour ça, si tu sais alors, TU SAIS ! donc tu ne peux pas écouter, c’est pour ça. Rien à voir avec les oreilles bouchées, c’est dans la tête que c’est bourré à craquer et ça, ça rend sourd.e….

L’édito de La Taupe n°176

Hitler tout seul, rien. Jacques Prévert

Festival organique avec la pluie qui nous a lavé.es, festival dédié aux femmes, un sujet si vaste qu’on pourrait en faire une spécialité. Tant de choses à dire, à écrire, à dessiner, à chanter et jouer, d’espaces à ouvrir, de croyances et clichés à balancer. Nous n’avancerons que si nous nous penchons avec cœur au cœur de nos propres contradictions, nos paradoxes. Lâcher ce qui détruit au profit de la vie, on dirait bien que l’urgence est là, uniquement là, URGENCE CLIMATIQUE c’est tout. S’ouvrir enfin à une vision écologique de la situation dramatique dans laquelle nous sommes…
Sortir du déni et de l’enfermement dans lequel on nous espère bien englué.es.
TOUT METTRE À PLAT et se retrousser les manches, mettre nos mains dans notre tête et œuvrer ensemble. Ne rien attendre des décideurs et de leurs serviteurs ni d’un hypothétique sauveur.
Continuer de penser, créer, lire, s’émerveiller, se rencontrer, cultiver la joie, se cultiver… prendre de la hauteur et refuser d’alimenter le vieux schéma du diviser pour mieux régner. Quand tu tapes sur ton voisin, les dirigeants dansent et toi tu trinques !
La liberté n’a pas de prix.
Rester libre et vivant.e.
Pensées émues pour les femmes d’Afghanistan.

L’édito de La Taupe n°175

LaTaupe1C’est fait. La saison a duré deux jours. C’était même pas étonnant, on dirait que plus rien ne nous étonne. Pourvu que ce ne soit pas vrai… c’était bien sous le tilleul, avec les abeilles qui chantaient dans les silences et une brise bien douce. Bref, parfait les gens heureux d’être là. Nous, ravi·e·s de nous retrouver. Plus que jamais actuel le Jacques, comme on l’aime celui-là, tellement profondément. Comme on est fièr·e·s de servir ses mots sans fard, sans masque, avec cœur. À suivre pour ça. Et depuis une semaine, ça butine ça crée pour le festival d’été, Femmes je vous aime, c’est très inspirant. Ces moments-là, d’œuvrer ensemble, sont précieux, nourrissants, tellement tellement plus que de se précipiter dans les zones pour consommer et s’appauvrir l’âme. Alors, passez, osez pousser la porte. Savoir que ce sont les mains qui savent, pas la tête. Mais que vous veniez ou pas, ça va être beau, ça va être belle. La beauté est déjà là, pleine, généreuse et abondante.

On le répète encore une fois: On a besoin d’aide pour le festival faites nous signe ! Vous aurez bien le temps après d’aller vous balader…

L’édito de La Taupe n°174

C’est une première, depuis que La Maison du Chat Bleu existe, on fait l’ouverture et la fermeture de saison au même moment. Le dernier spectacle est maintenu, on l’a échappé belle, on a failli ne pas exister du tout, pof rayé de la Terre. Donc le premier weekend de juin se jouera ici, à 18 heures, le samedi et le dimanche, La Fricassée de Berniques sur lit de Prévert, et ce sera sous le tilleul, car en juin tu peux jouer malin. Pas envie de parler de la situation générale, à l’heure où le diviser pour régner marche à toute vapeur. Et dans vapeur, y a peur. Alors envie de vous dire, ton corps t’appartient, ta vie aussi, mange le plus sainement possible, respire et marche, danse et chante, balance télé et radio privées et d’État, coupe sons et images mortifères qui tournent en boucle. Et n’oublie pas de désobéir !

Personne ne tombe malade parce qu’il a serré quelqu’un dans ses bras, parce qu’il a touché l’autre en dansant en toute confiance et toute conscience, avec amour et avec joie. Ça n’existe pas. Mais la peur, le stress, la méfiance, les pesticides, l’isolement, le mépris de soi, la pollution, la rumination, l’inquiétude, les dépendances, et les vaccins, tout ça a la pouvoir de te rendre malade.

L’édito de La Taupe n°173

LaTaupe1Comme ça bouge ! le temps d’écrire, de se dire est-ce que c’est juste ?
Est-ce que j’envoie ? est-ce que est-ce que ? Ben on est repassé.e à l’hiver au vent glacé. Aussi on les a vues les hirondelles, elles sont là, mais à la maison pas sûr encore. Le yoyo tu connais, c’est le nouveau sport national. T’es tout.e seul.e, tu te prends des coups sur les doigts, ah non ça c’est le bilboquet…. le YOYO c’est bien ça, celui qui monte et qui descend., ça va un temps comme jeu, mais bon…
À vrai dire on ne sait plus, à quand, pourquoi faire… c’est Sisyphe, le toboggan savonneux et la pierre à hisser. Même pas la vacuité.
Bon, ça pousse, les semis sous la fenêtre.
Chantez pour les graines qui lèvent !

Sans faire exprès on a raté la marche du mois de mars !
Bon bon bon bon bon ben bon beh bennnnnnnnnn eeuuuh alors euhhmmm hmmm pfffffffff oui oui oui oui oui en tant que citoyenne comment vous dire, alors euh ben non, peut-être oui mais pas sûr, alors comme on essaie de construire des choses et que le tapis n’est pas volant, ben ça casse tout, à chaque fois. Et même si on est lente, presque au ralenti, malgré tout ça fait pas plaisir. Et voilà encore qu’on sait pas où poser son cul en fait, est-ce que c’est juste moi ici qui ressens (avec un s ou un t ?) ça là ? Alors oui, c’est tellement loin de la Vie ce qu’on veut nous imposer, que voilà, entre les chaises, le cul et le grand écart occasionné par la distance, ben on sait plus trop quoi faire, ni quoi décider hormis d’aller se coucher, se vautrer sous le soleil d’été alors que c’est avril et qu’on devrait pas se découvrir d’un fil. Franchement c’est pas facile facile d’être et de le rester. Alors aller marcher, oui ça, ça marche toujours marcher et surtout ce matin premier jour d’avril marcher ça nettoie ça aide parce que c’est beau toujours, ça c’est beau beau beau, y a les oiseaux wouah heureusement qu’ils sont là à fond, et le coucou le premier, ça y est on l’a entendu tout à l’heure, et pas un sou en poche, pas de poche mais ça c’est pas grave, marcher c’est le seul remède qu’on a trouvé pour être bien, y a chanter aussi ah oui chanter chanter.

L’édito de La Taupe n°172

Bon Voyage Madame. Voilà qu’elle est partie pour de bon, elle aussi. On dirait l’automne en ce moment, un automne qui dure. Toutes ces belles personnes qui s’éclipsent. C’est dans l’ordre des choses, bien sûr. Il faut bien laisser la place, hein ? Elle avait 92 ans quand même, moi je dis bravo, c’est pas donné à tout le monde. Elle y pensait à la mort, nous en avons parlé ici. C’était en 2007, c’est il y a une éternité.

Tellement j’étais contente de l’accueillir ici, Elle que j’avais écoutée beaucoup, 30 ans auparavant, du temps des disques noirs. Je suis entrée en poésie en partie grâce à Elle. La poésie chantée, les poètes mis.es en musique, elle savait faire. Sa musique puissante et sa voix inoubliable. Je l’ai trouvée Hélène, et je lui ai demandé si elle viendrait chanter ici dans ce trou perdu. C’était le début d’internet et merci pour ça. Elle a dit oui, tout de suite, simplement, direct comme elle était. Et ça m’a donné de la joie, beaucoup. Si bien que ce weekend fait partie des inoubliables weekend passés ici. Ça a été la fête, vraiment la fête. Y a eu du monde, beaucoup, c’était énorme cette énergie qu’il y avait. Elle a chanté avec ses 78 ans, sa guitare et le dimanche, Léo, le ptit chat bleu, l’a accompagnée aux percussions. Voilà, que c’est lui qui m’apprend sa mort et m’envoie ce message : « Je viens d’apprendre qu’Hélène Martin est morte hier alors forcément, je pense à toi et repense aux moments où elle est venue à la maison, comme c’était beau ! » ça lui aurait fait plaisir ces mots d’un jeune homme de 30 ans.

Hélène a écrit cette lettre à la suite de sa venue, le 23 mars 2007

« Dans ce temps d’oubli et de cloisonnement où l’information reine désarticule l’histoire et masque son sujet tout en l’effaçant, le Chat bleu et son animatrice (ne faut-il pas dire son âme ?) Anne Danais ACCUEILLENT. Accueillent le Chant, le Poème, la Vie, quand il est si courant d’ensevelir ceux qui ont oublié de mourir. C’est précieux, c’est rare.

Anne Danais est la maîtresse des lieux, maîtresse d’elle-même, présence intemporelle et tout à la fois moderne et hors des modes, elle tient le pas gagné. Image forte et permanente de la femme comme descendue d’un verset de la bible, rapide, elle glisse dans l’espace et sur le sol sans cacher ses qualités ni ses audaces contradictoires, ni ses gentils doigts de pieds. (« C’est très intelligents les pieds » ! dit Prévert…) Sa vigilance inquiète et son appétit de séduction n’entravent ni le grave ni l’espiègle, ni l’obstination. Elle chante et écrit bien aussi. Elle fourmille d’idées mais donne parole à celles des Autres. Je pense à cette toile de Paul Klee représentant une flèche qui indique un éventuel chemin à prendre, une émotion à découvrir, un temps d’arrêt pour le regard, la vibration, la communion. Flèche, en elle-même belle en couleurs et en traits et qui n’a rien d’un poteau indicateur. Flèche pleine page, pleine toile, telle une voile hissée pour prendre le vent. Le Chat bleu, embarcation sans triche ni vanité.

Avant d’entrer en scène, le feu, la table, le vin, la complicité… c’est bon. Puis le public, sur son trente et un, arrive, paye sa place, murmure et fait silence, ouvre les yeux et les oreilles, partage et remercie.

Dans ce lieu, l’enfance rôde encore. L’intime et le social ont fait leur trou tant bien que mal. La foi, venue d’on ne sait où, tient compte de la blessure, de l’hésitation, de l’incontournable mal de vivre. Le chant des Autres a fait école. Ce n’est pas rien.

Ici le Poète a repris sa place au centre du village, de l’école et du vent. On lui signifie avec naturel qu’il est aussi nécessaire que l’eau à boire, aussi irremplaçable que le boulanger, l’instituteur, le pharmacien et le dentiste… aussi indispensable que l’oiseau, le chien, le renard… »

L’édito de La Taupe n°171

Bon voilà pour commencer cette nouvelle année, je te renvoie l’édito de janvier 2020, il est beau je trouve, pas sûre de pouvoir écrire mieux aujourd’hui… enfin mieux ça veut rien dire, juste il me plaît de te le redonner, une fois n’est pas coutume, et peut-être aussi c’est que ça réfléchit dans moi, ça mitonne et m’étonne encore de voir comme la Vie est un cadeau immense. Je réfléchis à ça, qu’est-ce que la Vie me raconte à moi à travers cette période coronavirée. Je crois que je suis en train de comprendre et ça m’apporte un sourire, de la malice, de la joie même. Allez je te laisse je te raconte plus tard… voilà, la suite est là, enfin la suite du présent passé décomposé ou à venir. C’était il y a un an, mais peut-être plus, une éternité. Voilà que je deviens bavarde. Bon je te laisse avec ces mots d’hier.

On te souhaite une belle année, ce sera toujours ça de gagner. Oui bonne année quand même !

Là, malgré la réalité délétère on est contente, tu vois, oui c’est ça dans le contentement. Comment tu vas, toi camarade ? Hein ? Quoi, tu es enseveli-es tout dessous les tombereaux de destruction massive de tout ce qui constitue notre belle solidarité ? Hardi ! Oui ça dictature sévère. Hardi retrouvons-nous. Oui on en verra le bout ! Ils veulent tout. Notre vie notre force nos idées nos envies, nous faire tout payer, tout contrôler, tout, même notre beurre et l’argent de notre labeur. On est heureuse malgré ça, on sait que rien n’est définitif, leur dire, leur rappeler, qu’on ne fait que passer, ils en ont peur de cette pensée, ça s’entend qu’ils ont peur. Ils ont peur de leur ombre et ça les rend violents. Ils ont perdu leur cœur, leur regard, leurs oreilles, leur douceur, ils paient avec notre argent des inventions à tuer le monde, tout le monde, dépensent à tour de bras pour nous surveiller. Désobéir désobéir désobéir désobéir, encore encore encore, rêver et surtout réaliser nos rêves, semer planter, regarder le vent et l’oiseau, encore, celui qui est là encore, et puis se marrer, s’aimer, se trouver belle, se trouver beau, se le dire, tout dire, tout chanter, tout rire, oser vivre vivre vivre en plein chant. Écoute petite sœur, écoute petit frère viens, venez. Nous allons continuer d’aimer la vie, de nous aimer de nous aider à grandir, à être belles à être beaux.

L’édito de La Taupe n°170

LaTaupe1Longue période défaite, des défaites ? Celle, dite des Fêtes, s’achèvera bientôt, encore un Noël de passer dit-il chaque fois. Un nouvel agenda déjà tout raturé. Annulations reports interrogations concertations négociations. À quoi ça sert tout ça ? En fait de fêtes, pas le droit de jouer, de chanter, de danser, d’en être, d’être, même si sa place est là, dans les salles obscures, lumineuses. Les yeux et les oreilles ouverts, le cœur aussi, être là pour chacune et chacun. Silence j’ai des choses à te dire, tu m’entends ? Ma vie, ma place est là. Te donner le meilleur, de l’éphémère, juste du baume, le plus beau, une nourriture invisible. Heureusement la vie est là, toujours là, avec ses surprises en toutes choses, ses plaisirs. La chance tous les jours de voir le soleil se coucher, briller à travers les nuages, la lune se lever et là la pluie bienvenue qui tambourine. Marcher dans la boue, aller cueillir du cresson, c’est la saison. Sentir enfin que c’est l’hiver. Réfléchir et se dire à quoi je peux bien être utile à qui ? Planter planter planter. Rêver d’une vraie mascarade joyeuse avec de vrais masques, ceux que j’aime, de la facétie, des chants, des mots, la danse des corps, évocations hommages aux morts aux vivants, des écrits sur les routes, mots d’amour enchantés et des crêpes bien chaudes. Et si on lançait un Carnaval un vrai, un qui raconterait l’espoir, raconterait les colères empilées, et on ferait un feu pour se réchauffer et brûler ces masques inutiles, ces baillons pâlichons qui finiront sinon, par millions dans la mer, dans le ventre des poissons. Et si on passait à autre chose à un langage de sororité et de fraternité, enfin. La lumière dans les yeux, le sourire, ah oui ton sourire… ton visage, oui ton visage. Où es-tu, où êtes-vous ?

La Taupe à visage découvert

Un jour on se retrouvera, vous viendrez ?

Vous braverez les interdits ?

Nous les braverons ensemble ?

Ensemble nous réfléchirons à notre peur du gendarme ?

À quoi ça rime tout ça ?

Nous apprendrons à nous faire transparent-es, reprendrons le pouvoir sur nos vies, notre corps, notre cœur.

On vous dira en janvier, on vous dira, dès qu’on pourra.

L’édito de La Taupe n°169

LaTaupe1Quand toutes les femmes seront reines, tous les hommes seront rois et ce sera la paix sur terre. AD

En fait j’aurais voulu vous annoncer une bonne nouvelle, mais j’en trouve pas, sûrement il y en a une qui traîne quelque part, qui se cache et je ne la vois pas, peut-être elle est tout près de moi. Et je ne vois rien. Tant pis pour moi si je ne sais pas regarder. Je ne peux même pas parler du temps vu qu’il fait un temps tout à fait déraisonnable, qu’on est en novembre et la maison est grande ouverte, même que j’ai failli mourir de chaud tout à l’heure sous le soleil alors que je m’échinais à arracher des racines, super fortes les racines, dans un petit coin de mon paradis perso. J’aurais pu mourir de chaud au mois de novembre, vraiment, j’ai failli, mais non c’était pas le moment, pas envie. Pas l’oublier ça qu’on peut aussi mourir d’un coup, pof et voilà on en parle plus ; y a pas que les virus dans la mort ! Alors cette bonne nouvelle ça vient ? je vais faire un tour et je reviens, si je ne reviens pas tant pis c’est juste que je me suis perdue ou bien que j’ai oublié, ou bien ou bien que… ah si voilà j’ai trouvé ! Je vais bien, la voilà la bonne nouvelle, malgré tout ce fatras imbécile, cette grande mascarade, oui je vais plutôt bien. La voilà la bonne nouvelle… enfin bien, faut le dire vite sans réfléchir de trop. Parce que oui je réfléchis beaucoup à tout ce foutoir et je crois vraiment que l’humain est prêt à tout accepter, y compris les pires choses, pour ne pas reconnaître qu’il s’est trompé. Je crois que c’est ça qui se passe là en ce moment. Et comme disait Prévert : Hitler tout seul, Rien. Je vous embrasse, tiens, j’en profite dès que je vois quelqu’un j’en profite je l’embrasse.

J’adore prendre les gens dans mes bras,

L’édito de La Taupe n°168

Nous nous sommes réuni·es hier, et nous avons décidé de ne commencer la saison qu’en 2021, et donc d’annuler les deux rendez-vous prévus cette fin d’année. Nous avons cherché des solutions mais nous n’avons pas trouvées. Parce que ce n’est pas viable de fonctionner avec une jauge réduite, parce que nous sommes plusieurs à ne pas vouloir être bâillonné·es, parce que nous préférons garder le silence que de faire semblant, ou à moitié, parce qu’ici on se touche, et que la chaleur humaine est notre plus précieux carburant. Nous verserons aux artistes la moitié du cachet prévu, pour les aider un peu. Nous sommes attristé·es et espérons commencer en beauté en janvier. Gardez confiance et surtout cessez d’écouter les messages qui véhiculent la peur. Prenez soin de vous vraiment, osez ça, de vous, corps et âme.
La Taupe à visage découvert

Depuis que j’ai écrit ce petit mot, que je n’ai pas envoyé, les choses ne se sont pas calmées, mais moi, oui. Le langage guerrier continue à tour de bras et d’effets d’annonces ! Bien, pas envie d’entendre ni de nourrir ce feu nauséabond, et surtout pas d’user de ce vocabulaire. Stoppons ce discours en ne lui prêtant pas nos oreilles qui ont de belles choses à écouter, de belles paroles à entendre. À bientôt de vous serrer dans mes bras.
Anne

L’édito de La Taupe n°167

Et voilà août arrivé, presque terminé. Diviser c’est régner, tu te rappelles ? Pari du pouvoir réussi, bingo. La confusion règnent dans les têtes. Nous nous déchirons parce que nous avons peur. Ça sent pas très bon. Ici on pense que la liberté n’a pas de prix, chaque jour rognée, au nom de notre sécurité, la vieille rengaine. Ne nous trompons pas de débat. Unissons notre intelligence, notre créativité et retroussons nos manches.
Un grand Carnaval, une vraie Mascarade ce serait le moment de faire ça, comme ils font à Bâle, un vrai Carnaval, avec des vrais masques, tous et toutes masqué.e.s avec du sens, du bon sens, de l’humour et l’esprit ouvert. Une vraie fête populaire. Cessons d’insulter les moutons, soyons ensemble dans le présent.

Le Monde brûle. Respirons ! Et par pitié, balancez votre télé… merci !

L’édito de La Taupe n°166

Quand toutes les femmes seront reines, tous les hommes seront rois et ce sera la paix sur terre.
AD

Et juillet est arrivé, tu vois bien que la terre tourne, l’été est venu, hésitant titubant incertain, comme la vie, la vie qui ne s’arrêtera pas, même si l’humain détruit tout.
Ici on choisit de rester vivant.

L’édito de La Taupe n°165

LaTaupe1Alors comme ça, on ne pourrait plus se toucher, ni se laisser toucher, toucher les mains on pourrait plus. Les enfants n’auraient plus le droit de se mettre les doigts dans le nez et les adultes non plus. Alors comme ça, les mains seraient supprimées du langage et de l’imaginaire, elles tomberaient, et avec elles les bras, ceux qui embrassaient si bien l’autre dans le plaisir, le désir, le chagrin, la joie de se retrouver, la tristesse du départ, dans l’amour de la vie. Les bras n’auraient plus rien à faire et ils tomberaient eux aussi. Il y aurait des bras plein les poubelles aseptisées, des mains restées accrochées aux grilles des fenêtres, sur le bord des routes, abandonnées puisque inutiles, remplacées par une intelligence artificielle et glacée. Les humains seraient dorénavant des hums. Voilà ce serait comme ça, la peur de la peur aurait gagné, les baillons seraient obligatoires, nez et bouches emprisonné-es. Plus de regard, plus besoin des yeux non plus, tiens. Juste une bouche-trou, un clapet pour ingurgiter à la paille la nouvelle nourriture du monde, un trou pour avaler, un trou pour évacuer, un genre de sonde. Eh, Ami-e, quand même, c’est pas ça que tu veux ? Quand même, dis, tu vas pas abandonner ? Hein ? Tu vas as laisser tomber la vie, laisser tomber les petits qui arrivent, les nouveaux venus, les derniers né-es, les tout vieux, et les microbes, tu vas pas laisser faire, dis? Eh Ami-e, réveille-toi !

L’édito de La Taupe n°164

Quand toutes les femmes seront reines, tous les hommes seront rois et ce sera la paix sur terre. AD

C’est pas ça dont j’ai rêvé, c’est pas ça dont je rêve non, c’est pas ça. J’aurais aimé que ce grand Stop soit un vrai chant d’expériences solitaires et collectives. On aurait dit, on nous aurait dit, bon ça y est c’est le grand Stop, on va tout arrêter, on va bien regarder, on va se regarder, chacune et chacun, là où nous sommes, comment on est, comment on vit, de quoi avons-nous vraiment besoin. Le sais-tu, as-tu envie de savoir ? On aurait dit, tiens, vas, prends ton temps pour une fois, n’aies pas peur. Ce virus est une chance, prends-là, n’aies crainte, tu as tout en toi pour lui résister, traverse la peur dis-lui que tu n’as pas besoin d’elle. On va essayer ensemble enfin, vraiment, c’est une belle occasion. On va faire des expériences, des expériences solitaires et partagées. D’abord, limiter les déplacements à l’essentiel, au vital, regarder, écouter ce que ça te fait de marcher, regarder, autour de toi, de ta maison, de ton chez toi un arbre que tu ne connais pas, une personne que tu n’as jamais vue ni entendue, dans ton bazar quotidien, un vélo abandonné, une charrette à retaper, une trottinette oubliée et des souliers tout neufs faits pour marcher. C’est le moment de regarder autour de toi, de te regarder… On nous aurait dit avec bienveillance : bon, nous nous sommes égaré-es, nous nous sommes trompé-es complètement, nous nous excusons auprès des enfants, auprès de la Terre entière, auprès de tous ses habitants, de la fourmi à la baleine. C’est promis on arrête les conneries, c’est fini la guerre. On arrête. On se pose, on fait la grande et belle pause. Alors ouvre ta maison, fais usage de la confiance, invite tes voisins à venir parler comprendre ce qui se passe, partage partage partage. Éteins ta télé pour l’éternité et jouis du temps léger, du silence revenu, reconvoque tes rêves, va les chercher au plus profond de toi, chante, va là où ton cœur te dit d’aller. Ensemble réfléchissons, faisons le tour de nos questions, de nos rêves. ici on est 40 à vivre dans le même hameau, mettons nos savoir-faire en commun, nos affaires, nos outils et inventons ce monde sans arme, sans militaire ni policier, sans ministères, sans banquier… Prenons le pouvoir sur nos vies. Partageons notre vraie richesse et après nous sortirons raconter ces chants, avec les autres ceux d’à côté et nous tisserons un vrai tapis de danses, un beau chant d’espoir ? Allez, retroussons nos manches tranquillement, reposons-nous aussi, on a le temps pour une fois. Partageons nos idées, nos forces, nos rêves et la tendresse.

L’édito de La Taupe n°163

LaTaupe1Quand toutes les femmes seront reines, tous les hommes seront rois et ce sera la paix sur terre. AD

Si tu croises la chevreuil, elle te parle de tendresse. J’en ai vu ces jours plusieurs fois, hier encore, tout près de moi le vent était contraire et j’ai pu la regarder un long moment sans bouger, elle était sur la route tranquille, et puis elle m’a vue, s’est éloignée, j’ai continué mon chemin, et elle était là juste derrière avec un-e comparse. Deux elles étaient. J’aime ça croiser la-e chevreuil, et qu’elle me parle de tendresse. Être dans cette bonté vers moi-même, et vers l’autre. Arrêter de me juger parce que je reste là à rien faire, à ne pas savoir où et quoi et comment, me sentir nulle, inefficace, patate, juste bonne à dormir comme une chienne de porte au soleil par terre, dormir en plein jour, m’abandonner juste là sur la terre. Alors tendresse oui, merci chevreuil et puis… bon… J’avoue ne pas avoir de tendresse pour certaines-gens que je ne nommerai pas. Je n’y arrive pas, je ne sais pas faire. Et le chevreuil est là. Et moi et moi, là, je ne suis pas sûre d’avancer, je doute, je ne sais pas. Je me demande d’où vient cette peur sourde, lointaine, cette sensation d’une peur, archi vieille celle de l’humanité toute entière, une peur étrangère et familière, comme si elle ne m’appartenait pas, tu sens ça ? Je me demande si les hirondelles vont revenir, j’aimerais tant les revoir. Aussi j’ai entendu le coucou deux fois, approcher la hérissonne du jardin d’à côté, et le merle de la cour qui chante chante et chante (pour les oiseaux, on sait si c’est mâle ou femelle alors bon…)

L’édito de La Taupe n°162

Voilà ce qui arrive, c’est comme dans ce conte, celui du petit berger qui criait au loup, tu te rappelles ? Il faisait des farces, appelait à l’aide juste pour déranger les autres, et lorsque le loup est vraiment venu manger ses moutons, personne ne l’a cru et son troupeau a été décimé. Voilà ce qui arrive quand on ment impunément, personne ne te croit plus. Tu pers la confiance de l’autre et c’est terrible ça. Je ne les crois plus, depuis longtemps… la première fois je crois que c’était pour Tchernobyl, peut-être avant je ne sais plus. Depuis les mensonges et les scandales ont fleuri… Et cette fois encore je n’ai pas cru à cette histoire-là, celle que nous vivons là en ce moment. Et j’ai même continué d’embrasser mes ami-es et je l’ai fait en toute confiance. Il y a des lanceurs d’alertes qu’on met en prison parce qu’ils dénoncent des méfaits. Les vrais menteur-es sont en liberté. Je veux faire confiance à la vie et je veux prendre les gens dans mes bras.
Aujourd’hui j’embrasse le vent frais du printemps. On se retrouvera bientôt.
Je pense à Pepe, tu te rappelles ? il a gouverné l’Uruguay quelques années, un mandat de cinq ans (2010-2015), le président le plus pauvre du monde. Un mandat et basta. Quelle leçon il a donnée ! Tous les avantages, le protocole tout ça, il les a refusés, a continué à vivre modestement, chez lui, avec sa femme, ses fleurs et son jardin. Tu peux l’écouter là en suivant ce lien, magnifique monsieur.
Moi ça me fait rêver un président comme ça.

Mais que se passe-t-il à La Maison du Chat bleu ?

Moi je ne rêvais que de ça pouvoir m’arrêter, j’avais commencé ce chemin depuis le stop de décembre, la fin d’une longue ligne droite, et dans cette immense fatigue accumulée, me laisser aller dans la douceur du temps; apprivoiser le silence, respirer être là juste. Me demander: tu veux quoi maintenant? Je crois que je commence à comprendre ce que je veux.
Aussi le jardin d’à côté avance, tout semble vouloir pousser, tout ce que j’ai mis en terre a pris, c’est très émouvant.
Ces derniers jours, d’abord moi toute seule avec mes petites mains (vraiment elles sont toutes petites mes mains) j’y suis allée avec ma tondeuse j’ai fait du crossdébroussailleuse avec elle dans une herbe en pleine force et très haute, la pauvre a été gentille, je ne l’ai pas laissée chauffer j’ai fait un peu attention. Et puis j’ai attrapé la faucille, j’ai revu mon grand-père affûtant sa faucille, et là ça a marché … et cette pensée réflexe : oh ça va pas vite, mais pourquoi je devrais aller vite. Puisque j’ai tout mon temps, il ne faudra pas oublier ça, vraiment ce mur devant lequel nous sommes est là juste parce qu’on ne savait pas s’arrêter; quel cadeau… oui… même si j’ai mal aux mains, ben je suis fière de moi. Et la cerise sur le gâteau est arrivée hier, sous la forme de Yannick le voisin de Sylvie, il est venu hier avec tondeuse et débroussailleuse. Un chouette mec, qui m’a raconté sa vie, content de se parler, de se raconter, et qui est parti en sifflotant, alors moi je suis contente de tout ça ; comme d’avoir rencontré, Corentin, qui fait des tours de moto, et que ça fait du bruit et que ça me fait râler – aïeaïeaïe encore tu râles ! – et je me disais mais qui c’est celui là qui tourne qui tourne, et je l’ai croisé un soir, il allait à fond de train, je lui ai fait signe, il s’est arrêté et nous avons parlé un bon moment, il s’est raconté, et j’ai adoré sa bouille de dix-huit ans, son regard sur les choses, sa tendresse pour sa famille, ses questions sur la vie. et maintenant quand j’entends le bruit de sa moto, je me dis c’est Corentin, et ça change tout, ça change tout. Et je suis sûre que pour lui aussi notre rencontre a changé son regard.

On va se revoir et on se regardera différemment.

 

L’édito de La Taupe n°161

LaTaupe1Écouté deux fois la radio ces temps-ci, rapide, rapidement. Quelle aubaine pour les gouvernants et leurs médias médiocres, un nouveau virus qui déboule, servi sur un plateau, ça. Allez hop, ça prend l’espace, les pensées, tout est bon dans le virus. Une belle occasion de parler des autres de la Chine et de ses chinois, de l’Italie et de ses italiens, de l’Iran (ah l’Iran) et de ses Iraniens…. Crier au loup au loup, créer diversion, allez précipitez-vous au supermarché acheter de quoi tenir un siège, de quoi vous désinfecter, vous astiquer, vous protéger, ouh ouh le loup, le méchant loup est de retour, qui nous met en danger là tout de suite, ouh ouh méfions-nous de nos voisins, pour vivre heureu-ses vivons masqué-es. Nos menteurs et menteuses veillent et grâce à eux nous serons sauvé-es. Dormez tranquilles braves gens, dormez dormez et surtout ne pensez pas ne vous réveillez pas dormez, nous maîtrisons la situation, nous savons ce qui est bon pour vous. Vivez, mourez… en silence.

L’édito de La Taupe n°160

En fait c’est simple, tout l’argent qui manque dans les caisses, c’est Bernard Arnault qui l’a. Sinon comment expliquer qu’il soit le plus riche de la terre, oui le plus riche, le Pauvre… qu’est-ce qu’il peut faire de plus maintenant qu’il a gagné, qu’il est le premier, le plus indécent homme de la terre, qu’est-ce qu’il va faire maintenant ? Alors qu’il pourrait combler avec quelques milliards seulement tous les dysfonctionnements ici ou là, juste redonner ce qu’il nous doit en payant ses impôts quoi. Tout ce carnage, dans les hôpitaux, les écoles, les lycées, les universités, chez les cheminots du train et du métro, les forêts, les usines de feu edf, feu ptt, feu france télécom, maisons de retraite et de repos, partout où les gens souffrent au travail, souffrent de ne plus trouver de sens, souffrent de ne plus pouvoir aimer ce qu’ils font… déboussolé-es,abîmé-es, partout dans les services publics abandonnés sciemment, massacrés avec méthode, toujours la même, le même blabla, le même mensonge. Ah, dites monsieur Arnault à quoi pensez-vous donc, comment va votre cœur, comment va votre conscience, et le sens de votre vie ? C’est quoi maintenant ? La retraite vous y pensez ? Ou bien c’est que vous avez peur de disparaître, peut-être, oui sûrement c’est ça. Votre peur  de mourir, ah ben oui, parce que vous allez mourir, sûr et certain. Même avec plus de 120 milliards en poche… vous allez mourir…

Voir Urgences, soigne et tais-toi de Mourad Laffite sur le site Les Mutins de Pangée ou sur QG Le Média Libre

L’édito de La Taupe n°159

On te souhaite une belle année, ce sera toujours ça de gagner. Oui bonne année quand même !

Là, malgré la réalité délétère on est contente, tu vois, oui c’est ça dans le contentement. Comment tu vas, toi camarade ? Hein ? Quoi, tu es enseveli-es tout dessous les tombereaux de destruction massive de tout ce qui constitue notre belle solidarité ? Hardi ! Oui ça dictature sévère. Hardi retrouvons-nous. Oui on en verra le bout ! Ils veulent tout. Notre vie notre force nos idées nos envies, nous faire tout payer, tout contrôler, tout, même notre beurre et l’argent de notre labeur. On est heureuse malgré ça, on sait que rien n’est définitif, leur dire, leur rappeler, qu’on ne fait que passer, ils en ont peur de cette pensée, ça s’entend qu’ils ont peur. Ils ont peur de leur ombre et ça les rend violents. Ils ont perdu leur cœur, leur regard, leurs oreilles, leur douceur, ils paient avec notre argent des inventions à tuer le monde, tout le monde, dépensent à tour de bras pour nous surveiller. Désobéir désobéir désobéir désobéir, encore encore encore, rêver et surtout réaliser nos rêves, semer planter, regarder le vent et l’oiseau, encore, celui qui est là encore, et puis se marrer, s’aimer, se trouver belle, se trouver beau, se le dire, tout dire, tout chanter, tout rire, oser vivre vivre vivre en plein chant. Écoute petite sœur, écoute petit frère viens, venez. Nous allons continuer d’aimer la vie, de nous aimer de nous aider à grandir, à être belles à être beaux.

L’édito du CCMCB (hors série)

« Ça ne va pas ça ne va pas ça ne va pas », c’est tout ce qu’elle sait dire La Taupe, elle n’arrive même plus à parler des oiseaux, des fleurs et du vent, donc elle est virée, ça lui apprendra à ne pas savoir être positive alors que, même si tout ne va pas si bien, ce n’est pas à elle de le dire. Alors elle est virée c’est tout, sans préavis, sans indemnité, sans rien, ni parachute ni rien, même pas, non. Pis d’abord elle est trop vieille, place aux jeunes, qu’elle prenne sa retraite, non mais. Qu’elle aille voir un peu ailleurs, là où on n’a rien à manger, où les tombes bombent, où on torture les gens, où les étudiants n’arrivent pas à vivre que d’amour et d’eau fraîche, où les manifs sont interdites aux pauvres, où on rend les gens borgnes juste comme ça ou manchot pareil, où on traîne les femmes par les cheveux, où on punit les pauvres d’être pauvres, où où où ? tant pis pour elle. Alors on a passé une annonce et on a trouvé une étrangère égarée par là, la seule étrangère du coin (ici il y en n’a pas du tout, des étrangers, à part quelques Anglais en vacances), une étrangère jolie en plus, qui ne demande rien, alors ça tombe bien puisqu’on n’a rien à lui donner, ni pain, ni salaire, ni parachute, ni dorure, rien. Bon, d’accord elle ne parle ni n’écrit notre langue, notre belle langue, elle ne comprend pas non plus ce qu’on dit, mais, ça fera l’affaire, avec quelques smileys ça devrait marcher pour vous remonter le moral. Et puis les slogans, la politique ça suffit quoi !

Le comité de censure de la MCB

L’édito de La Taupe n°158

LaTaupe1

On vient de faire une traversée hors du temps, bercé-es par le vent, la pluie, des bouts de soleil. Et le roi de la cour, le tilleul a dansé comme un fou. Il y avait treize clownes ici pendant quatre jours. Jours des saints, jours des morts, paraît, tu parles, tu ne peux pas savoir comme c’était vivant, au-delà du vivant même, tu me crois j’espère. De la beauté du sol au plafond jusqu’au ciel et plus loin, dans les yeux ouverts, les voix vibrantes, les corps et les cœurs dansants, il y avait des étoiles. Et les murs se sont mis à reculer, la salle respirait et s’agrandissait. Oui, on peut pousser les murs si on veut, tu le sais ? Il y a eu de l’air, de la musique et du silence. On est allé-es loin, très loin. On était ensemble sur une île flottante hors du Monde, autour du Monde. On a ri beaucoup beaucoup beaucoup et on a pleuré aussi. Les deux en même temps parfois. Les visages ouverts, toute douceur, les yeux clairs et lumineux, ils et elles sont reparti-es en volant, je les ai vu-es. Tu me crois, j’espère, j’espère…

Rain and tears
disait la chanson
dans les seventies
Il a beaucoup plu
en cette Toussaint
champs et fossés inondés
il a plu et il a plu
Des clowns
les larmes ont coulé
cœurs et nez inondés
Quel vent a soufflé en nous,
entre nous
pour tenter de sécher ces larmes
Rain and tears
disait la chanson
dans les seventies
Il a beaucoup plu
en cette Toussaint
Et sur les ailes du vent
se sont posés des anges

Jojo la clowne

L’édito de La Taupe n°157

J’arrive pas à écrire, j’arrive pas à écrire, je sais pas quoi dire, je ne sais plus que dire, je ne sais pas quoi faire, je ne sais plus que faire, je ne sais plus je n’y arrive plus je fais silence je fais cris je fais au secours je fais hommage aux gens tabassés suicidés violentés aux gens du voyage de Rouen abandonnés à Christine Renon à Steve à Assange … à ceux qui se trouvent dans les points de suspension, à ceux qui dorment au fond de la méditerranée, à ceux qui croupissent en prison… à tous à toutes innocent-es… je dis stop arrêter tout je dis non je dis oui à un autre monde je crie ma désespérance je n’arrive pas à écrire je ne sais plus faire je ne sais plus dire je ne sais quoi dire ni quoi dire ni quoi dire ni quoi dire ni quoi écrire rien rien tout tout tout qui brûle et tout qui brûle et qui fait mal où aller que faire comment y arriver pourquoi continuer je voudrais savoir faire encore je voudrais y croire encore mais je ne sais plus j’abdique j’arrive pas j’avoue j’arrive pas j’aveu mon désespoir, mon chagrin pour la vie qui meurt… et malgré ça encore la force et le désir de continuer dans le partage du beau du poétique et de la tendresse. Traverser ce brouillard les yeux et le cœur ouverts. Être.

L’édito de La Taupe n°156

LaTaupe1Vous dire que La Région Nouvelle Aquitaine fait des économies, elle a supprimé l’aide généreuse de 2000€, oui deux mille euros vous avez bien lu, qu’elle nous attribuait. C’est vrai qu’on n’existe que depuis dix-sept ans et qu’on se débrouille plutôt bien avec pas grand-chose. On ne connait pas les raisons, il va s’en dire. Il paraît qu’à Biarritz y a eu G7 il y a peu. Sans doute il y avait besoin de ces deux mille balles pour offrir un verre à un invité, ou bien louer une barrière anti-émeute, ou bien acheter quelques bombes lacrymogènes, ou bien une matraque, ou bien une brosse à dents pour notre président, qui en a des dents bien acérées… ou bien … Bon, nous on se dit que ces deux mille balles on va les trouver ailleurs ici ou là. D’ailleurs vous pouvez nous envoyer un chèque maintenant c’est déduit des impôts ! Oui c’est vrai.
Maintenant on pourrait presque enseigner aux enfants dans les écoles comment la planète va mourir non pas comme une probabilité mais comme l’histoire du futur. On leur dirait qu’on a découvert des feux, des brasiers, des fusions que l’homme avait allumés et qu’ils étaient incapables d’arrêter. Que c’était comme ça, qu’il y avait des sortes d’incendie qu’on ne pouvait plus arrêter du tout. Le capitalisme a fait son choix : plutôt ça que de perdre son règne. Marguerite Duras, entretien 4 juin 1986. Le Matin
Que dire de plus ? Qu’ici il y avait treize hirondelles sur le fil tendu dans la cour et que de les voir là assemblées, ben c’était vrai plus que vrai. Et beau plus que beau. On aura du pain sur la planche plein encore. On se demande si on continuera d’utiliser les ordinateurs encore longtemps, si ce n’est pas absurde de cautionner tout ça. On se demande

L’édito de La Taupe n°155

LaTaupe1Voter ne pas voter ? Que faire ? Des gens se sont battues pour obtenir ce droit-là, on n’oublie pas. Ailleurs, des gens ne l’ont pas encore, ce droit. Pour les femmes ici il a fallu attendre 1945 ! Vrai… illusion illusoire ? Ici, tu votes et ton rôle s’arrête là. On sait bien que ça ne sert pas à grand-chose… mais abandonner ce droit-là… quand même… ben… Dans beaucoup de pays, tu votes et si tu n’es pas d’accord on te colle en prison. Ici la justice est injuste, c’est criant de vérité. Si t’es pauvre, si tu parles, si tu dénonces les puissants, gare à toi. Le printemps à peine chaud, l’été sera-t-il là ? Se protéger ? Ouvrir ? S’ouvrir ? Que faire ? Se taire ? Raconter, se raconter, se rencontrer oui ça c’est sûr, précieux, indispensable. Fabriquer oui continuer, se fabriquer son histoire, se fabriquer ses jours, ses nuits, ses temps, ses rêves. On sait qu’on va proposer une 18e saison… Ici on finit la 17e avec l’énergie, non pas du désespoir, de l’espoir ? Oui sans doute encore avec l’espoir. Et puis on va vers ce temps privilégié celui de la préparation du festival, avec les gens qui passent, le chantier qui s’installe, et c’est comme une ruche. Oui on fait les abeilles, on y va, on ne compte pas son temps… on fabrique de l’éphémère, et le jour arrive, l’heure de l’ouverture et c’est trois jours de fête. Un beau programme on a concocté. On vous le met en cadeau, ça vous donnera le goût de venir peut-être…

L’édito de La Taupe n°154

LaTaupe1Voilà c’est le printemps dans toute sa splendeur. Et dire que c’est beau c’est bien peu. Ici les roses, les hirondelles, les boutons d’or, les fourmis, les mésanges, les verts, le frais, le froid, le chaud, tout se mélange. On a fait le baptême du feu du « jardin » tout à côté, l’air de rien, le premier rendez-vous dans cet endroit, encore mieux comme ça quand ce n’est pas prévu. Le feu a ronronné dans le four de papier et de bois qu’on a fabriqué avec Marie, la céramiste rieuse. Comme un volcan. C’était beau, comme un tipi indien, comme une jupe, le bas du corps d’une femme, beau jusqu’au ciel, beau comme si toute l’humanité se trouvait là avec nous, une archéologie. Nous petites fourmis du monde. L’humanité dans son humaine intelligence, le simple, le feu, la terre, le soleil aussi, comme un banquet offert à tou-tes nos ancêtres et ancêtresses. Et ça redonne du baume, calme un peu la colère devant tant de violence étatique, mensonges, blablablablabla, ce n’est pas joli à voir. Des hommes qui frappent leurs frères, sœurs, mères, grand-mères et grand-pères, qui gazent tout ce qui bougent, insultent, crachent, dépassent toutes les bornes. Celles qu’on croyait dans notre grande naïveté, infranchissables. Depuis quand a-t-on le droit de toucher quelqu’un sans lui demander l’autorisation ? Comment c’est possible de  bousculer, d’insulter, de blesser, mutiler, de porter des coups volontaires et de tuer même, sans être arrêté et jugé. Où sont passées les bornes de l’humanité ? Ils en ont mis plein les rues, des bornes, des bites et des barrières pourtant, plein dans les villes. Et les vraies bornes celles du respect de l’autre, sont piétinées et  violées. Alors que c’est beau ce qui se passe dans la rue, les gens revivent, retrouvent la dignité, la parole, la joie d’exister avec les autres, de partager, d’inventer. On les a vu-es hier dans la manif de Saintes, Les Gilets jaunes comme ils étaient beaux-belles. Vivant-es. on était fière d’eux. On n’oubliera pas, jamais, eux non plus, c’est sûr.

L’édito de La Taupe n°153

Les hirondelles sont arrivées et la toute grande Agnès Varda, s’en est allée pour de bon, le même jour. Alors émotions en grand écart, entre la vie la mort toujours. La voici partie, alors qu’on la regardait parler juste la semaine passée dans ses deux causeries qu’on peut voir sur Arte encore. Ils ont dû être embêté-es car l’hommage il l’ont fait en avance. Cette Varda, quelle femme, fabuleuse, quelle être, jusqu’au bout du bout elle aura fait les choses à sa façon. De la tristesse, oui car on attendait ses nouvelles créations dans un coin de notre tête, du coup ça va faire un trou. On se réjouissait et se précipitait, jamais déçue… jamais. Tout aimé, l’œuvre entière. Elle ne savait pas qu’on l’aimait beaucoup ici et qu’elle nous accompagnait. On n’a jamais osé lui dire, d’ailleurs quoi dire ? hein ? Quand on jouait à Paris dans le quartier Montparnasse on arpentait la Rue Daguerre et jamais on n’a pu pousser la porte de chez elle juste pour dire bonjour. Trop peur. Trop petite. Intimidée. Bon voyage Madame. Comme ça juste vous serrer dans les bras, et vous dire Merci pour tout.

L’édito de La Taupe n°152

LaTaupe1C’était doux ce soleil de février même s’il était un peu chaud par moment. Ben il est passé, nous revoici dans l’actualité de mars avec giboule giboutette et même un peu tempête, il fait sombre et voilà. On allume la bougie qui trône sur la table. Oui cette lumière palpitante toute simple si belle est là tranquille, vivante. Tiens v’là la grêle, manquait plus qu’elle. Pas envie de parler de la douleur du Monde, du massacre par ici de quelques arbres qu’on aimait visiter. On se demande vraiment comment c’est possible de continuer obstinément comme si de rien n’était alors que ça crie partout, déborde dans les oreilles, saute aux yeux, aux corps, aux narines qu’il faudrait tout arrêter, se retrousser les manches, s’asseoir, se retrouver, respirer et œuvrer pour sauver ce qui peut être sauvé. Vous dire qu’on agrandit le domaine du Chat Bleu, qu’il y a de la place pour planter des arbres, des graines, des idées juste là à côté, qu’on aimerait faire pousser un jardin avec vous, avec toi. Si tu veux apporter un arbrisseau, un pépin d’oiseau, une bouture, une brindille, une idée, des graines de patates douces, un coup de main, enfin quelque chose à semer, à planter, ben c’est bienvenu. Ouvrir une nouvelle histoire, un autre chapitre, là dans le champ voisin, c’est ça qu’on va faire.

L’édito de La Taupe n°151

Des yeux perdus à tout jamais, des mains aussi, des visages en charpie, des blessures graves, des séquelles à venir, des peurs, des humiliations, une violence digne d’un État policier, qui nourrit des colères qui ne feront que grandir. On les appelle les Riches, ils sont si pauvres, cramponnés qu’ils sont à leur orgueil, leur suffisance et leurs mensonges. Honte de briser nos sœurs et nos frères, honte de s’habituer à cette violence d’État, de justifier, de mentir effrontément, quel dommage. Honte de s’indigner davantage pour une vitrine brisée que pour un visage mutilé. Honte de préférer dépenser l’argent publique pour acheter des armes plutôt que des livres, de payer des militaires plutôt que des infirmières… Les armes sont faites pour tuer, et finissent toujours par être utilisées contre les peuples. C’est connu. Et les gens d’armes, Bac et consort exécutent en bons serviteurs, au nom de l’ordre et de la république. Au secours ! On ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. Ça se passe en France aujourd’hui. On dirait que c’est hier.

L’édito de La Taupe n°150

Faut qu’j’écrive faut qu’j’écrive queque chose
faut qu’je souhaite faut qu’je souhaite des trucs
faut qu’je rêve faut qu’je rêve encore
faut que j’le dise faut que j’le dise aussi
faut qu’je sois optimiste, d’accord
faut qu’je sois optimale, ah non
faut rester dans la barque et tenir la barre, ouais pas rater la marche tomber dans la merde, non
faut y aller quoi ! avec le neuf le veuf le bœuf et l’œuf, on dirait du Lafontaine ! bon ? Y a rien d’autre qui vient, peut-être rien d’autre qu’existe. Avec quatre mots on peut espérer grattouiller un bas de page.
Inventer la petite carte de veuf, y a moyen sûrement.
Allez restent un jour, une heure, une minute pour trouver.
Mais quand même, c’est limité et obligé de rester au masculin, zut. On fera du neuf ça mange pas de pain, avec le veuf euh, un veuf ça, ça peut rendre service, mais pas sûr, ça peut être collant, encombrant, pas très réconfortant, on ne dit jamais un veuf joyeux d’ailleurs, et du bœuf ? De lui, on ne dit pas grand-chose à part côte, ou joue, ou langue ou juste aussi gros que… ah qui vole un bœuf vole un œuf ! ben voilà… heureusement que l’œuf est là, ça c’est bien c’est pas neuf mais ça sonne bien, oui, ça fait penser à ceux qui sont cramponnés en ce moment, arc-boutés sur leur montagne d’or et qui veulent rien lâcher, tiens. Sont vraiment idiots de rester accrochés alors que la Terre souffre de nous porter. S’ils pouvaient comprendre comme c’est bon de partager ! Souhaitons qu’ils lâchent prise, enfin ! Et l’Œuf ? on devrait dire une œuf-e, ça n’a rien de masculin quand même, cette forme et puis la vie dedans. En 2019, faire du neuf avec une œufe ! Oui faire confiance au féminin, enfin.

L’édito de La Taupe n°149

LaTaupe1On les a vus les gilets jaunes puisqu’on s’est fait quelques 1500 kilomètres la semaine passée, avec une voiture diesel et qu’on voit pas vraiment comment on pourrait faire sans elle. On la remercie au passage cette petite voiture fidèle et robuste avec qui on a fait pas loin de 200 000 kilomètres en dix ans, non pas pour partir en vacances mais pour aller travailler. Alors on dit oui qu’on les a vus les gilets jaunes… et que ce sont bien des gens pauvres qui sont dehors là, qu’ils en peuvent plus de pas arriver à joindre les deux bouts, qu’en ont assez qu’on les prenne pour des imbéciles et qu’ils ont partout été très sympas, pas violents du tout, juste on a vu qu’ils étaient fier(e)s d’en être, d’exister tout d’un coup. On sait que plein de gens les soutiennent aussi et que c’est tout mélangé. Ben on voudrait bien, tellement bien des assises citoyennes, où l’on pourrait se parler sans se juger, essayer ensemble de faire au mieux avec ce que nous sommes chacune chacun, trouver des solutions, imposer à l’oligarchie mondiale un vrai Stop ça suffit. Nous les gens simples, on veut juste ça être libre et heureux, avoir un toit, une table garnie de bonnes choses à manger, une raison d’être, du temps pour flâner et rêver.

L’édito de La Taupe n°148

Eh bé ce coup-ci ce n’est pas facile d’écrire. On se dit : allez, écris ce qui vient, laisse faire. On a beau essayer l’optimisme, ben là faut s’accrocher quand même ! Ça devient costaud, balèze. Exercice difficile complexe. Comment faire ? Parler à tort à travers, parler pour parler, ben pff, non, pas ça justement… se taire oui ce ne serait pas mal, même se terrer tiens ce serait vraiment bien, se terrer et se taire. Peut-on se terrer quand on est atterrée ?

Comment faire ? On a déjà éteint la radio, pratiqué le coton tige dans les oreilles, la tête dans les nuages, tout ça, on sait faire, aller parler aux arbres, à la fourmi, à l’oiseau, marcher, boire un coup avec les amies… tout ça on sait faire, on le fait même. Le risque climatique, est là, indéniable, c’est tout. Alors qu’on devrait tous s’unir simplement dans l’intérêt commun… ça convergence dans l’autre sens, consternant ! si on n’a pas des antennes, des oreilles de sioux, on peut pas s’en sortir, ça va finir par plus être intéressant d’être vivant si ça continue. On pense souvent à Denis un ami qui est parti et on se dit ben en fait heureusement qu’il ne voit pas ça. Piètre consolation… et puis zut y a des petits qu’arrivent juste là, ils continuent d’arriver, alors oui avec eux, pour eux, continuer… ouvrir tout dans soi, dans sa tête son corps, être là en pleine forme, résistant, c’est ça résister c’est d’abord prendre soin de soi.

« Pencher du côté de l’amour » dit Edgar Morin.

L’édito de La Taupe n°147

LaTaupe1Enfin, ça y est, nous voilà par là et ça a comme un air d’automne, et c’est bon. La tourterelle chante, le soleil pointe son nez. On ne se lasse pas de toute cette mise en lumières. C’est simplement beau. C’est juste ça qui nous meut, rien d’autre. Le bruit, les blablas, le fric, tout ça nous indiffère. Indiffère indiffère… est-ce que j’ai une gueule d’indien fier… c’est rare d’écrire ce mot-là. Ça rime avec colère, indiffère, il n’y a rien à faire, une rime est une rime. Les raisons de la colère ne sont pas loin, mais pas envie d’en parler, pas envie de donner une place à tout ça. La belle radio se meurt, alors silence, rester vivant. Garder le silence, le faire sonner, le cultiver comme un trésor, et le reste, ben l’inventer encore et encore. Fabriquer le monde dans lequel on veut être, avec ce qu’on a comme on sait faire, du rêve, un cœur et des mains… comme une taupe quoi.

L’édito de La Taupe n°146

Lettre 1

Oui on n’a pas encore posé le sac, c’est l’été pourtant en plein cœur. On a fini la saison sur un festival chaleureux en diable, beau encore et encore, généreux et joyeux. Un doux sourire aux lèvres flottait sur les visages. Une chaleur à n’y pas croire, celle qu’on n’avait pas connue depuis belle lurette, l’été a commencé et ne s’est pas arrêté depuis. Après on s’est écroulé tou-tes autant qu’on était, heureux-ses d’avoir œuvré ensemble et d’avoir réussi cet éphémère, cette bulle, ce partage. Merci à toutes et tous du fond du cœur. Merci aux artistes qui sont venu-es et au public d’ici ou d’ailleurs et puis à la municipalité de Saint-Savinien.
Depuis on a préparé la saison prochaine, le programme des spectacles et des stages. Plein de belles choses à venir encore une fois. Une 17e saison à venir donc. À bientôt de vous voir, prenez soin de vous.

Lettre 2

Tout est resté en plan, on ne vous a rien envoyé, bon ben voilà c’est prêt, tout… la programmation, les stages, les plaquettes, les flyers. On vous invite à les demander, à diffuser aussi.
Premier rendez-vous 6 et 7 octobre avec L’homme de la manche, un spectacle magnifique. Ça c’est une perle on vous le dit.
Et puis ya les clowns qui rejouent le 9 septembre à l’abbaye de Bassac c’est un dimanche à 16h… alors voir et revoir. À très bientôt.

L’édito de La Taupe n°145

Voilà c’est vendredi que ça commence Le Festival d’été, ici. Et on est presque prêt. Tu penses bien qu’il y a plein de trucs à faire d’ici là. Mais une chose est sûre, ce sera en place pour l’ouverture vendredi. Bon, on ne peut pas dire qu’on a vu une foultitude de gens depuis début juin mais, à la louche on est bien une vingtaine à œuvrer si on fait les fonds de tiroirs ça doit être ça. Et bien sûr que ça va être beau ! L’installation d’abord et puis le spectacle Étrange étranger, celui des clowns, tu vois ? Magnifique je vous dis ! Et puis tous les invités qui viennent d’ici ou là, des cadeaux. Nous par ici des étrangers on en voit pas, on en voit tellement pas qu’on se demande bien où ils sont… Au fond de la mer Méditerranée il y en a, dans des centres de rétention il y en a, sur les chemins de montagne aussi, mais ici non. Alors envie de le clamer, venez par ici, il y a de la place pour vous, soyez les bienvenu-es toutes et tous. Viens toi, voisin voisine d’ici ou d’ailleurs, viens, on t’attend.

L’édito de La Taupe n°144

LaTaupe1Festival ! le chantier est ouvert à partir de tout de suite maintenant. Bon c’est juin juin juin et il nous reste quelques semaines pour tout faire sortir de nos têtes et de nos mains. Du beau pain sur la belle planche. Évidence qu’on est au bon endroit, vrai autour les choses se dégradent, la tendance est au discours sécuritaire bref y a du boulot. Sortir nos plumes nos crayons notre cœur nos yeux nos oreilles et nos voix. Aller là où ça fait du bien uniquement. Vous êtes les bienvenu-es pour venir créer avec nous pour la future installation du festival Étrange étranger jusqu’au 28 juin on sera là du matin au soir. Passez venez nous voir osez pousser la porte.

L’édito de La Taupe n°143

LaTaupe1Propriété privée défense d’entrer passage interdit propriété privée de quoi, privée de toi, privée de moi, privée de joie privée de soin privée de tout propriété privée manque plus que la caméra l’alarme le barbelé… La propriété est un vilain défaut. On en crée des désastres autour de cette fichue propriété privée. Regarde ce qui se passe à Notre-Dames-des-Landes, c’est stupéfiant… Va voir sur zad nadir… regarde un peu quand même à quoi on dépense l’argent collectif.

Bon, on réfléchit à ce qu’on pourrait inventer maintenant qu’on nous a mis des cadenas sous le nez juste à côté donc, là où on passait la tondeuse arrachait les orties et où, oui c’est vrai on garait des voitures aussi. Ah la voiture, la voiture est-elle l’amie de l’homme ? Pas sûr pas sûr… ce qu’on observe c’est que c’est un sujet épineux très sensible ; il semblerait qu’on se confonde avec elle au point de se mettre en colère si jamais sa place est occupée par une autre, une intruse. C’est violent souvent ce que ça provoque dans le voisinage notamment. Bon ça fait seize ans qu’on y fait bien attention mais voilà cette fois on avait trop de choses dans la tête, et ça n’a pas raté. Pas de quartier pas de droit à l’erreur… on s’est mise à rêver que peut-être ces voisins anglais, qui viennent ici trois semaines par an, seraient plus intelligents plus ouverts que la moyenne, qu’ils avaient accepté cet échange tacite : soin à ce petit bout de terrain contre stationnement. Ben non, quel dommage… alors on va réfléchir et apprendre quelque mots d’anglais peut-être.

It’s not a joke !

L’édito de La Taupe n°142

On est le 10 avril 2018 c’est le début du printemps la vie joue sa chanson d’amour
moi suis là aujourd’hui à Sèvres tout près de Paris
je vais jouer ce soir dans un théâtre c’est la Mariette qui est invitée
suis tellement heureuse de vivre et tellement triste aussi
mon pays massacré comme ça, ça ne ma va pas ça me va de moins en moins
j’aurais tant aimé que ce soit le contraire
chez moi y a de la vitalité chez moi c’est dans mon cœur
à cet endroit-là ça ne change pas ça palpite et ça rêve et ça grandit jour après jour, oui
c’est 2018 et je vois j’entends je sais que des gens résistent avec leur cœur
partout
c’est 2018 et on matraque à tour de bras toute personne qui s’exprime
celle-celui qui aide l’autre transi de froid en bord la route
celui-celle qui défend son outil de travail
celle qui dit moi je suis libre et je veux vivre libre
une liste à la Prévert on pourrait faire il y en a tant et tant
et en face de cette richesse
répression, autoritarisme
la parole est à la matraque à l’ordonnance au 49-3 à la violence institutionnelle
les forces de l’ordre au taquet quel désordre quel gâchis
de quel ordre parle-t-on
ce n’est pas l’ordre des choses ni le bon sens de frapper les enfants, les gens pacifiques, de détruire
le silence d’un lieu de vie
depuis hier, on détruit des refuges à Oiseaux à la Zad de Notre Dames des Landes
là-bas j’y étais avec mes ami-es Anaïs et Pierre il y a 15 jours précisément
j’y ai entendu des oiseaux, j’y ai mangé une belle assiette végétarienne savoureuse
j’y ai vu du partage
j’y ai vu le chantier de L’Ambassada, bois et paille et la dignité des constructeur-trices
j’y ai vu des tritons, des petits des plus gros, des femelles pleines
j’y ai parlé à un arbre
m’y suis allongée au soleil
j’y ai vu des gens des jeunes et des moins jeunes
capables de vivre sans confort, les pieds et les mains dans la boue
je les ai vu-es beaux, belles fatigué-es
la lutte la résistance sont épuisantes,
j’ai vu des cabanes, des gens qui se ressemblaient, rassemblé-es comme au bout du monde
un monde
des gens perdus aussi, qui là à cet endroit ont trouvé refuge
nous sommes dans un pays autoritaire qui ne respire plus qui s’auto mutile qui massacre ses enfants
ça s’appelle le pouvoir mais ce n’est qu’impuissance
quand on fait parler les fusils, les bombes c’est qu’on a perdu toute humanité
qu’au fond de soi on ne s’aime pas et qu’on ne le sait pas qu’on ne s’aime pas,
qu’on ne sème rien
l’argent le pouvoir les a rendu fou-folles
qui sont-ils donc pour donner des leçons de vie à coup de chiffres, eux qui laissent les gens mourir
dans la rue, qui chassent le pauvre, qui n’écoutent même plus l’oiseau chanter
parlons-en de l’argent
combien cette opération militaire de 2500 hommes caparaçonnés, blindés, camions, lachrymos,
engins de chantier… combien en monnaie sonnant et trébuchante, juste
cet argent on aurait pu en faire cadeau à la Zad, pour les remercier d’avoir tenu, d’avoir sauvé cette
terre, pour les aider à développer cette communauté, à vivre l’expérience
moi je remercie tous les résistant-es, ceux de Notre Dame, les cheminots, les cheminotes, les Cédric
les gens qui s’organisent partout …
là bas j’y ai vu l’inquiètude aussi
nous y avons lu des textes, chanté nos chansons
et comme ça résonnait dans les coeurs, les mots de Prévert et les nôtres aussi
nous avons rencontré Dodo, la belle et nous nous sommes fait du bien
nous avons embrassé ceux qui venait nous remercier d’être venu-es et partager l’essentiel
nos regards, nos sourires, un verre, une assiette…. l’instant présent.
Anne D
le 12 avril 2018

L’édito de La Taupe n°141

LaTaupe1Oui on n’est pas en avance, mais si, en fait on l’est si on se situe d’ici, de notre vie ici, de ce qui se passe ici là. On est en avance pour vous annoncer le prochain spectacle qui aura lieu à la fin du mois, on sait bien qu’il faudra vous le redire. Faut pas croire qu’il ne se passe rien en attendant, non non on est là et ça cogite pour le festival, Étrange étranger, le 15e Festival tiens. Bon nous on ne les voit pas les migrants, ils n’arrivent pas jusqu’ici, et s’il n’y avait pas de télé, de journaux et tout ça, on ne saurait rien des drames du monde. Enfin, on va faire un festival sur ce thème et c’est pas sûr qu’on y rencontre « des étrangers » comme on dit, mais de l’étrange oui il y en aura, on fera au mieux comme on sait faire. Vous y êtes convié-es à cet ouvrage si le cœur vous en dit, on a besoin de monde pour créer un monde. Bienvenu-e alors à toi. Aussi quand même, on sait pas pour vous, mais on sent comme une hécatombe de bels gens qui partent hardi tiens bon, on peut pas faire la liste, ça tombe comme sur les barricades d’un rouge printemps. Où vont-ils, où vont-elles tous et toutes ? Et toujours cet espoir que tout aille au mieux pour chacun-e toujours cet espoir oui. Que les graines sortent de La Terre. Bon voyage aux âmes sœurs aux âmes frères parti-es.

Mot d’avril de Anne Danais

LaTaupe1

Bon obligée de s’y mettre avant le 1er du mois nouveau, vu qu’il y a rendez-vous ici dès la fin de semaine, et pas des moindres. D’ailleurs c’est jamais des moindres rendez-vous ici, jamais jamais jamais ça rime avec vrai !

Toujours toujours toujours avec amour, on n’y échappe pas. Amour et toujours c’est pour l’éternité qu’ils sont unis ces deux-là. C’est bien quand ça rime bien. Si ça rime pas bien ben ça fait bizarre dans la tête et dans la bouche, c’est pas facile à dire à chanter, en fait. C’est pour ça qu’ici on aime les rimes, les mots, la poésie et la musique qui s’y colle, et ça fait des chansons. Rimes et rames, mots et crocs, poésie et avarie, musique et panique…et voilà ça peut faire le début d’une chanson ces mots-là, suffit de les mettre dans son cœur, dans ses doigts, dans sa voix et hop, ça tourne ça tournicote, ça monte comme une petite mayonnaise. La musique des mots qui se frottent, parfois même ça va chercher loin au fond de soi-même, ça émeut, ça meut, ça meuh, ça fait pleurer. Ça soigne les chagrins les chansons, c’est fait pour, c’est pour ça qu’on les aime ici.

L’édito de La Taupe n°139

LaTaupe1Février fais vriller fais briller fais crier fais trier, fais signer fais saigner fais virer t’es viré ? Oui… l’est viré Matieugalai, l’était pdg il est viré il est démis,dis. L’ex-pdg, grand détricoteur bonnes dents et teint frais, de Radio France, disait après avoir viré de l’antenne plusieurs personnes avec un sourire satisfait : that’s life… ok boy that’life, dance your life, dance your death. Ben aujourd’hui c’est ton tour. La justice quand même quand ça marche et qu’on peut dire y a une justice, ça fait du bien, hm c’est chouette. C’est pas souvent qu’on peut le dire. Il giboule dans le soleil là à l’instant, fais briller, fais vriller, février. Les violettes de Gilberte sont là déjà, le pommier du japon de Sébastien n’attendra pas son retour pour fleurir, les oiseaux du coin pétillent, et le soleil joue dans la lumière des carreaux pas faits. Février fais vriller, fais briller fais crier fais trier fais prier oh il pleut, giboule giboulée. Ça tourne et puis voilà, c’est tout, un petit tour et puis s’en va. Oui une seule chose est sûre, sûre et bien certaine, un petit tour et puis…

L’édito de La Taupe n°138


« La nouvelle est arrivée à travers la tempête d’un nouvel effort demandé aux Français en vue d’une année difficile qui vient, de mauvais semestres, de jours maigres et tristes de chômage accru, on ne sait plus de quel effort il s’agit, de quelle année pourquoi tout à coup différente, on ne plus entendre ce monsieur qui parle pour annoncer qu’il y a du nouveau et qu’il est là avec nous face à l’adversité, on ne peut plus du tout le voir, ni l’entendre. Menteurs tous. »
Marguerite Duras, extrait de L’Été 80.

On a lu ça, là, le 31, et ça nous a fait penser à aujourd’hui, tellement oui ! Toutes ces années à entendre les mêmes blablas les mêmes mensonges, comme une boucle ininterrompue. À part couper ce fil que faire ? Comme c’est difficile de garder l’œil ouvert, l’oreille alerte et la parole légère, devant le cynisme d’un homme, premier ministre, qui ne voit pas où est le problème quand il dépense 350 000€ (et le chiffre est en deçà de la réalité) pour se déplacer et gagner deux heures de son précieux temps. Ce n’est pas de son porte-monnaie qu’il tire cette somme, non, ça le sien, il le fait fructifier pour en avoir encore plus. Ils sont malades de ça. Bêtise, voilà. Le cœur ne suit plus. On ne les écoute plus. Mais on les entend, on sait ce qui se prépare. À vous une belle année 2018 avec rime et raison… et à ceux qu’on ne nommera pas, tous les oligarques de La Terre :
Gardez votre fric et foutez nous la Paix !

L’édito de La Taupe n°137

LaTaupe11er décembre, voilà c’est l’heure d’attraper les mots, de de les inviter à sortir. Juste saisir l’instant, regarder par les fenêtres celles de la maison, du monde, de notre tête. Trois fenêtres alors, plus ou moins grandes, plus ou moins ouvertes, avec ou sans rideau. Par où commencer ? Déjà presque la nuit qui vient, le soleil fatigué de briller de ce côté-ci de la Terre, pourtant si présent durant cet automne lumineux. Une envie d’hiver, il a sans doute, et de froid. Il fait appel au gel, brutal et bienvenu. Dehors c’est bon quand on a un dedans où se lover, un dedans à soi, un nid quoi, pas un bout trottoir ou un carton. Il y a très longtemps de ça on voyait par là un clochard qui vivait dans une boîte sur roulettes, souvenir de lui se cuisant un ragoût de cous de poulet, sur un réchaud. Il racontait que ça allait comme ça, il semblait heureux. Nous, on comprenait pas, cette simplicité-là. Et même on croyait que le monde allait changer. Que les belles idées allaient forcément se répandre, se répondre. C’était il y a si longtemps ! On avait une sorte d’innocence, on n’imaginait pas qu’un jour le bien commun serait malmené, on croyait encore au toujours, au plus jamais. On se disait que c’était simple qu’il suffisait d’observer partout le monde et de rassembler tout ce qui semblait fonctionner. C’était il y a longtemps. On disait clochard à cette époque.

Ce matin, c’est le 2, la mésange frappe aux carreaux de la maison, on dirait qu’elle veut parler.

L’édito de La Taupe n°136

LaTaupe1On ne se souvient pas d’avoir attrapé une flemme pareille. Ça a pourtant dû arriver mais sans doute n’était-ce pas une flemme de cette teneur-là, ça ressemblait plus à de la fatigue ou de l’ennui. Là c’est pas ça, c’est juste qu’on a envie d’être là sans sac de nœuds à nos pieds, sans boulets dans la tête, sans une miette de culpabilité, d’être là à rien faire, à ne pas travailler alors que partout on le sent bien, ça s’agite. Et à l’intérieur ben rien que du calme, comme un sourire qui flotte, juste une flamme. C’est bien bon comme état, oui c’est bien. Alors c’est sûr, on a un toit, un lit, du feu, de quoi manger, on a le ciel, la rivière, le petit veau du champ voisin, l’œil sympa du facteur, le café de la voisine, la boîte à lettres derrière la maison. Entre parenthèses, ce n’est pas pour ça que le courrier arrive, il a même tendance à se perdre, ces temps-ci. Passons, si on attrape ce fil, hop on va tomber, dégringoler direct dans le tout ce qui va mal. Un accident est si vite arrivé. Dieu si vous êtes là faites quelque chose, quand même, y a de l’abus. Au passage, on vous le redit, on n’a pas voté pour la Macronie ! On ne va pas en plus culpabiliser ! Non ! D’ailleurs, tout bien réfléchi « aller bien » c’est juste une forme de résistance !

L’édito de La Taupe n°135

À Sylvie, notre belle amie qui s’en est allée, la saison est dédiée.

En fait les voyages on les fait le plus souvent ici sur place, c’est bien. Des voyages immobiles, des temps où le temps n’existe pas, où tout est fluide. Là, ce matin après cinq jours d’une grande intensité, d’une grande humanité, d’une grande profondeur et d’une grande légèreté, il fait encore soleil et la maison respire avec lui, fenêtres ouvertes à plein poumons. Profite Maison, profite donc ! Nous, on traîne un peu, on vacance en rond, on est pleine et vide, contente simplement. Et ça frappe là dehors au portail, on dit sans sortir de la maison : Entrez-entrez ! On s’attend du coup à voir un facteur, un livreur, une livreuse, une personne amie, un inconnu perdu, un voisin, on n’a pas trop d’imagination à la seconde présente. Et, oh oh oh OH Wouah voilà qu’ils arrivent, ils sont trois.

C’est… euh, oh, zut on n’est pas présentable même pas débarbouillée, rien, ébouriffée, toute fripée… On vient te présenter Adèle, ils disent… ben oui ils sont trois, depuis quatre jours seulement, on a beau s’y préparer, on a beau savoir, ben ça bouleverse quand ça arrive oui. Alors eux, ils arrivent comme deux oiseaux avec Adèle. Eux c’est Sandy la Maman et lui c’est Melvin le Papa… ça y est, elle est là la petiote toute jolie toute sérieuse toute là. Avant, ça n’existe plus du coup, avant est effacé, avant ça veut rien dire. C’est… pffff euh… c’est beau quoi, c’est beau c’est même pas bête à dire c’est… juste que v’là Adèle, c’est juste énoooooorme… tu vois ?

 

L’édito de La Taupe n°134

LaTaupe1Maintenant on est en avance ou peut-être même en retard, octobre peut se préparer, on arrive. On va bien finir par la faire cette rentrée. Ben oui, on est déjà presque rentrée en fait, enfin on sait pas vraiment si oui ou non, si on en a envie ou non. Non, on sait pas trop. On croit que oui et puis deux minutes après ben c’est non. Pas facile de se connaître, il faut du temps pour se comprendre surtout au sortir de l’été. Ah zut, on est agacée, on ne va pas vous le cacher, agacée par l’ambiance du royaume d’Enmarchie. Ça nous touche. Forcément on n’est pas imperméable. On peut même le dire ; on est poreuse ; oh oui tellement poreuse ! Non, pas peureuse ! Peureuse… c’est étrange les mots, jamais on a fait attention à ça… de peureux à heureux… y a si peu ! On peut dire j’ai peur mais pas j’ai heur, non ça on peut pas le dire. La langue c’est folle, le langage c’est fou… Si je dis : je suis heureuse je peux dire aussi je suis peureuse mais ça marche pas avec avoir, non. Voilà, une petite leçon de vocabulaire. Être heureux c’est à la fois simple et pas simple… Souvent la peur, les peurs n’y sont pas pour rien, les vilaines !

L’édito de La Taupe n°133

LaTaupe1À Claire qui s’ennuie de pas avoir de nos nouvelles !

Bon c’est vrai que c’est septembre qui toque à la porte. C’est vrai que les hirondelles se rassemblent pour partir. C’est vrai que y a des calendriers qui se remplissent pas tout seuls. C’est vrai que ce matin dans le ciel on a vu un ballet d’oiseaux, magnifique. C’est vrai qu’on associe été et vacances. C’est vrai que c’est étrange ce qui se passe à cette période estivale, ça nous questionne. Comme si on devait réussir ce quelque chose avec brio. Avoir les plus belles, les plus remplies, les plus ensoleillées, les plus famille réunie, les plus coûteuses, les plus festives, enfin bref comme si ce n’était pas de la vie tout simplement. Aussi ce mot vacances est comme une tromperie, on a mis un s à vacance. Depuis quand ce s ? Oui de la vacance, de ça on a besoin, faire de la place en nous, tête et corps, mais pas de remplir encore plus, de consommer de la vie vide de sens et soumise aux règles du tourisme roi. Se retrouver tous ensemble aux mêmes endroits ? Par pitié non pas ça ! Mais volontiers lâcher les affaires, les dossiers, les calendriers, les courriers, stopper la machine à obligations. Buller oui, rêver, dormir, lire, écouter, partir oui, marcher tout ça… mais on peut le faire ou décider de le faire si on veut, comme on veut, ça coûte rien c’est tout gratuit, besoin de rien du tout.

Voilà faire ça, comme une évidence, comme un rire, une inspiration.

Le festival eut lieu

Et puis le festival ouvrit son cœur malgré la pluie. Les clowns jouèrent le premier soir dans le salon cuisine de Sylvie la voisinamie. Et ils jouèrent devant un public de trente personnes et c’était magnifique de les voir là dans cet espace réduit, de les voir bouger sans heurt à douze, gracieux et généreux. Le lendemain le temps étaient plus courtois. Vingt-deux personnes arrivèrent pour l’atelier percussions de Léo, tout fraîchement arrivé par le train de Paris. Des gens de tous les âges des enfants même. À 10 heures ça commençait.
Ensuite tout s’enchaîna fluide. On continuait de regarder le ciel du coin de l’œil même si on n’y pouvait rien. Le petit concert des 22 percussionnistes se déroula à merveille ici dans la cour. Les clowns reprirent leur place dehors sur le beau plateau du jardin. Une deuxième comme une première. Un public nombreux rire et émotion. Force du ciel chargé de nuages et du coup confort pour le jeu, ce temps mitigé était bienvenu. Envie de pleurer les larmes au bord des yeux.
Dans le champ de pagaille, ce nouveau lieu découvert suite à l’abattage des peupliers, comme une sorte de cirque naturel jonché de restes d’arbres abattus, un champ chaotique où le nature avait déjà repris ses droits chapeau la nature ! Dans le champ de bataille donc eut lieu La Pelle de la terre, du théâtre. Un beau texte servi par deux comédiens qu’on avait eu la chance de diriger. Le thème parfait, deux fossoyeurs fossoyant effrayés par le temps qui passe.
Le lieu magique !
Et puis la vente aux enchères fût menée à la baguette et dans le rire par Frau Rupfe et un public généreux vif et joyeux.
Repas… superbe assiette préparée par Samia. Et puis concert dans la salle piano et violon. Alice, notre belle Alice avait invité Emily, une belle américaine. Duo unique et tonique. Et ici on peut s’asseoir par terre s’allonger pour écouter et ça c’est bien agréable. Beau beau beau.
Ensuite c’était la nuit. Surprise malgré la fatigue dans les jambe et le corps fourbu on y est allée la voir la cathédrale végétale, juste éclairée par des lampions, juste des lueurs qui dessinaient l’espace, la surprise et des chants, des voix qui sont venues dans ce silence, vraiment de la beauté qui fait pleurer encore.
Dormir un peu et c’est dimanche. Lever très tôt pour accueillir le public du matin. Sept heures dans le champ de pagaille couvrir les bottes de foin pour épargner les fesses des spectateurs venus voir Les Êtres de boue.
Voyage dans la lenteur, la solitude de ces êtres couverts de terre, entre statue, chair et pierre. Une femme dans les bras d’un homme au sol, il l’enduit de boue. Elle souffre cri silencieux. Une bouche douleur. Impassibilité. Le chant des oiseaux qui montent et la guimbarde. Ici là deux corps immobiles. De l’étrangeté de la profondeur un ailleurs.
Et puis petit déjeuner là tout près tout prêt. Partage voix sourire bonjour.
Neuf heures c’est le concert du matin. Alice joue Chopin. La grâce, les soupirs les silences les suspens…  le ciel toujours et les âmes qui se promènent, et qui écoutent.
Retour dans ce terrain de jeu arbres abattus. Une balançoire s’envoler dans ce champ dans ce chant au côté de Léo qui percute et d’Anaïs arrivée dans la nuit, toute là, belle entre les belles.
Chanter avec les pieds le silence le ciel encore les arbres et les oiseaux. S’offrir cet inconnu l’instant présent oser ce chant, ces chants ces musiques et cette écoute. La danse aussi. Invitation à qui veut de venir chanter et danser là. Et ça chante et ça danse, ça pourrait durer durer.
Et puis troisième des clowns, magnifique unique généreuse belle belle belle séance. Encore les larmes plein la tête de tant de beauté. Et une jolie et douce bruine juste à la fin du spectacle, la grâce, le ciel pleure doucement.
Et puis partager un repas sous le tilleulparapluie dans la cour, se rapprocher se frotter aux autres pour ne pas se mouiller, se tenir au chaud dans un joyeux désordre improvisé. Une voix qui s’élève une guitare la même voix entendue dans le noir la veille, un parler créole, une langue douce et crue. Qui chante ? un inconnu arrivé là on ne sait comment. C’est juste beau.
Arrive ensuite Évelyne avec ses racontars et les rires qu’elle provoque, à la fois fragile et forte. Suit une petite histoire à trois sur la mort et c’est un mélange délicieux de naïveté et d’humour. Un trio d’enfer Paul Stany Évelyne… une première pour l’occasion.
Et Virevolte ensuite qui porte bien son nom, Léo Jennifer et Camille, un trio tout jeune, harpe, percu et saxo, musiques à danser et ça danse. Ça glisse ça joue ça bouge et c’est beau comme tout.
Et puis jazz dans la salle, matelas par terre comme tu veux tu te mets et Michel jubile au piano.
Voilà c’est tout, enfin non, car Alice intarissable musicienne fait entrer son piano dans la cour et voilà Bach accompagné à la batterie par Léo… et puis ça se délite doucement la musique s’efface. Les derniers survivants c’est nous ici dans le silence et le plaisir de se regarder de s’écouter avant de se séparer demain.
Ont aidé et participé à cet instant Léo, Alice, Camille, Jennifer, Sophie et Sophie, Stany, Nicole, Daniel, Robert et Sylviane, Jojo, Jacqueline, Roger, Danielle, Frédéric et Laure et les Êtres de boue, Sylvie, Sylvie et Sylvie, Anne-Marie, Melvin, Sandy, Dominique, Christine et Michel, Marie-Pierre, Évelyne, Paul, Pascale, Françoise et Françoise, Samia, Catherine, Manue et Sébastien, Hélène, Brigitte, Anaïs, Jean Christophe, Laéti, Hélène, Thomas et Franck, Benjamin, Jean-Louis et Jean-Louis, Michel, Anne.
C’était magnifique c’est tout.

L’édito de La Taupe n°132

LaTaupe1

On en était maintenant au seizième jour avec ce sentiment d’éternité très fort toujours.
Y avait-il eu quelque chose avant ce jour? Existait-on depuis si longtemps?
Et la pluie existait-elle? On était sûre de rien. Les bébés hirondelles étaient bien partis oui.
Leurs parents s’affairaient pour recommencer refaisaient un nid dans un luminaire. Ce nid serait spacieux pas de doute. On espérait que l’agitation humaine ne les contrarierait pas. Ça y était on avait commencé de sortir dans le hameau pour installer tout ce qui avaient été fabriqués. Toujours émouvant ce moment, cette dernière étape avant Le Festival. Cette ruche ces allers venues ces kilomètres parcourus pour voir ça ou ça. Vérifier valider Veiller veiller veiller. On était tout ébouriffée dedans dehors les yeux fatigués mais pétillants. On était sûre aussi que les clowns feraient un beau spectacle qu’ils allaient prendre leur envol. C’était tout comme on aimait.
Et le dix-huitième jour se leva. C’était l’été et la pluie était revenue par la grande porte. Il avait plu dru et la terre respirait. Les particules de pollution avaient rejoint les cours d’eau. Le tilleul était tout content. Les oiseaux prenaient des bains et nous aussi on se mettait sous la pluie. On pouvait dormir tranquille, la terre tournait il faisait frais.
On continuait l’installation, on inventait on rêvait autour de la mort et on était dans une ambiance toute douce. On entendait ici ou là des rumeurs sur le temps qu’il ferait et on se protégeait les oreilles pour garder foi en nous et nos étoiles. Il ferait le temps qu’il ferait et puis voilà. On ne voulait pas se faire de souci. On entendait dire qu’il y avait des travaux et une route coupée pour venir là… ah la la les déviations comme elles tracassaient les ami(e)s comme elles changeaient les habitudes. Ah les habitudes. Bon vous qui nous lisez sachez que arriver ici c’est possible tout à fait il suffit de regarder une carte et de partir avec un peu de temps d’avance au cas où.
Et de prendre parapluie chapeau imper… tout ça…. on était en été… alors.
Et puis au dix-neuvième jour la levée du corps se fit difficilement le ciel plombé agissait donnait de la lenteur et du poids à la fatigue. Une sortie de douche en catastrophe pour accueillir les frigidaires donna de la vie dans l’instant. On n’allait pas se laisser abattre par le temps. La pluie donnait de la vitalité c’était simple et certain.
On avait tout autour une équipe efficace et joyeuse.
Ce fut la journée la plus pluvieuse depuis des mois, comme une épreuve soudain. Des seaux des trombes d’eau du vent et même presque du froid nous secouaient, nous petits êtres de rien du tout. Du coup l’essentiel le souffle et l’eau. Tenir bon et répondre aux gens juste leur dire que oui oui nous maintenions vaille que vaille, sauf mort subite cataclysme ou autre drame.
vingtième jour du coup forcément. Le ciel semblait plus clément mais on ne savait plus trop si on pouvait faire confiance au temps. Du coup on avait mis un chapeau de paille pour conjurer le sort.
Tout allait bien même si on avait dû travailler plus dur et plus long. Ça commencerait comme prévu avec les clowns ce soir on le savait.
On trouverait on serait là pour ça. Il y aurait une ouverture. Et d’ici là on battrait la rue principale qui prenait vie qui prenait de l’allure et on ferait tout au mieux avec cette joie partagée de voir émerger cette beauté. On faisait ça pour ça pour la beauté des choses, uniquement pour ça. On espérait que vous auriez le courage de venir jusque-là pour voir écouter rencontrer aimer ces instants.

numéro spécial journal autour du festival

Ben il y eut le premier le deuxième et le troisième jours
trois jours pour semer se rassembler
se lancer et planter racines
le quatrième jour arriva
il était déjà chaud au réveil
on ne savait pas encore ce qui naîtrait ce jour-là
mais on peut raconter que le premier jour arriva la vague des noms des chers disparus
tellement grande cette vague qu’elle dura jusqu’au deuxième jour
arrivèrent aussi des êtres des bois
sa majesté des mouches, le renard, le loup-sanglier
la petite madame morte et sa sœur
le troisième jour une tribu de masques des garlopotes, masque rituels ressemblant un peu aux oiseaux
puis aussi deux autels en constructions
et dix-sept mots jolis comme chagrin larme céleste étoile passage
voyage
et le début des êtres-fantômes du petit cimetière imaginaire
et trois visages de peupliers d’ici tombés pour faire des cagettes
et des allumettes

et puis le cinquième jour se leva
il faisait clair de jour très tôt
les oiseaux chantaient bien avant 5 heures
la veille le quatrième jour
après une traversée en solitaire de trois ou quatre d’entre nous
la porte s’ouvrit dans l’après-midi
une dizaine de fois
personne ne s’était donné le mot et pourtant
c’était bien comme si
les mots jolis continuaient d’être tracés
on en était à treize le soir
les gens-fantômes du cimetière imaginaire étaient
au nombre de dix-sept
on vit apparaitre un racinaire toucan
un mini monstre
un couple totémique du temps où l’homme était fécondé par la femme
une descente aux enfers
et deux petites urnes de terre
un peu plus loin se construisait un autel
et puis bien avant que le soleil ne se couche
tous s’envolèrent
un temps
et le silence le beau silence vide et plein reprit l’espace

et le sixième jour arriva
il faisait frais très frais le matin
la veille on avait ressenti de la fatigue
les journées étaient longues
mais ça continuait de venir
les yeux de la tombe étaient au nombre de neuf
une femme réincarnée en oiseau une autre en poisson bleu
deux structures de bambous étaient sorties de terre
les mots jolis sur fond noir étaient maintenant dix-sept
des urnes maisons de hobbits
les fantômes-gens du cimetière des garlopotes seraient 25
on avaient fabriqué une pierre tombale pour chacun
des voix s’étaient posées dans l’enregistreur
elles racontaient des choses sur la mort
on avait réfléchi sur un endroit appelé le passage
qui serait en fait un endroit où l’on aurait envie de rester
pendant ce temps les hirondelettes grandissaient comme par magie
déjà elle avait onze jours
on avait donné la consigne de ne pas les déranger

il y eut une septième jour
c’était dimanche les petites hirondelles se dissipaient
et leurs parents veillaient avec constance à tout
deux petites quittèrent le nid devenu vraiment exigu
une fit sa chambre sur l’escabeau et l’autre en dessous sur un sarment
les adultes continuaient de les nourrir
en haut en bas
quel boulot cinq bébés oiseaux
on était prié d’aller faire pipi ailleurs
la journée très chaude passa tranquille
toujours des choses qui naissaient
une réincarnation en chien en girafe en tournesol
des urnes peintes en blanc et noir
et la collection « d’animals » commencée la veille s’étoffa
il y avait maintenant 21 animals
le grand-duc de chinésie
la canarde aux perles
la baleine à pattes
le lion qui rêve de devenir singe
la licorne de charente
le tigre à pois
le crab
le zozio
l’autruche à poils laineux
le cheval à deux pattes
l’éléphant de coulonge
la canarde danseuse
le scolopitre
la louve sans dent
l’oiseau à tête de ballon
le zozio boudha
le potame
l’ours à pois
le chahuant
la canarde rêveuse
le tamanouir du coin
et le soir les hirondelles avaient investi un nouvel endroit
elles faisaient tout simplement chambre à part

bon on était maintenant au onzième jour
pas facile de tenir la constance, la constante partout sur tout
ouh ouh
le fil avait continué d’être déroulé l’air de rien
comme un fil
on aimait cette sensation-là du fil transparent sur lequel on marchait
le monde continuait de venir mais on ne savait pas très bien compter
on n’aimait pas ça
compter
alors on avait lâcher cette affaire-là
les gens venaient c’est ça qui comptait tiens
être un deux trois… quelle importance
être oui ça oui
voir la porte s’ouvrir
les gens venir sans prévenir
la surprise
oui on aimait ça
il y en a qui disait « paraît-il » (ceux qui ne venaient pas)
quelle drôle d’idée de faire un festival sur ce thème
ils ne savaient pas peut-être comme ça fait du bien de parler de la mort de notre mort certaine
que c’était tout sauf triste
et qu’on pouvait en rire même
on s’organisait on savait où l’on mettrait les choses fabriquées et que ce serait beau et fort
comme on aimait ça le beau et le fort !!!
ah oui… beau et fort à pleurer même, ces pleurs-là on aimait ça.

On en était maintenant au seizième jour avec ce sentiment d’éternité très fort toujours.
Y avait-il eu quelque chose avant ce jour? Existait-on depuis si longtemps ?
Et la pluie existait-elle? On était sûre de rien. Les bébés hirondelles étaient bien parties oui.
Leurs parents s’affairaient pour recommencer refaisaient un nid dans un luminaire. Ce nid serait spacieux pas de doute. On espérait que l’agitation humaine ne les contrarieraient pas. Ça y était on avait commencé de sortir dans le hameau pour installer tout ce qui avaient été fabriqués. Toujours émouvant ce moment, cette dernière étape avant Le Festival. Cette ruche ces allers venues ces kilomètres parcourus pour voir ça ou ça. Vérifier valider Veiller veiller veiller. On était tout ébouriffée dedans dehors les yeux fatigués mais pétillants. On était sûre aussi que les clowns feraient un beau spectacle qu’ils allaient prendre leur envol. C’était tout comme on aimait.

Et le dix-huitième jour se leva. C’était l’été et la pluie était revenue par la grande porte. Il avait plu dru et la terre respirait. Les particules de pollution avaient rejoint les cours d’eau. Le tilleul était tout content. Les oiseaux prenaient des bains et nous aussi on se mettait sous la pluie. On pouvait dormir tranquille, la terre tournait il faisait frais.
On continuait l’installation, on inventait on rêvait autour de la mort et on était dans une ambiance toute douce. On entendait ici ou là des rumeurs sur le temps qu’il ferait et on se protégeait les oreilles pour garder foi en nous et notre étoile. Il ferait le temps qu’il ferait et puis voilà. On ne voulait pas se faire de soucis. On entendait dire qu’il y avait des travaux et une route coupée pour venir là… ah la la les déviations comme elles tracassaient les ami(e)s comme elles changeaient les habitudes. Ah les habitudes.
Bon si vous qui nous lisez sachez que arriver ici c’est possible tout à fait il suffit de regarder une carte et de partir avec un peu de temps d’avance au cas où.
Et de prendre parapluie chapeau imper… tout ça…. on était en été…alors

Et puis au dix-neuvième jour la lever du corps se fit difficilement le ciel plombé agissait donnait de la
lenteur et du poids à la fatigue. Bon, une sortie de douche en catastrophe pour accueillir les
frigidaires donna de la vie dans l’instant. On allait pas se laisser abattre par le temps. La pluie
donnait de la vitalité c’était simple et certain. On avait tout autour une équipe efficace et joyeuse. Ce fut la journée la plus pluvieuse depuis des mois, comme une épreuve soudain. Des seaux des trombes d’eau du vent et même presque du froid nous secouaient, nous petits êtres de rien du tout. Du coup l’essentiel le souffle et l’eau. Tenir bon et répondre aux gens juste leur dire que oui oui nous maintenions vaille que vaille, sauf mort subite cataclysme ou autre drame.

Vingtième jour du coup forcément. Le ciel semblait plus clément mais on ne savait plus trop si on pouvait faire confiance au temps. Du coup on avait mis un chapeau de paille pour conjurer le sort. Tout allait bien même si on avait dû travailler plus dur et plus long. Ça commencerait comme prévu avec les clowns ce soir on le savait. On trouverait on serait là pour ça. Il y aurait une ouverture. Et d’ici là on battrait la rue principale qui prenait vie qui prenait de l’allure et on ferait tout au mieux avec cette joie partagée de voir émerger cette beauté. On faisait ça pour ça pour la beauté des choses, uniquement pour ça. On espérait que vous auriez le courage de venir jusque là pour voir écouter rencontrer aimer ces instants.

L’édito de La Taupe n°131

LaTaupe1Ben oui, on peut dire érections législatives aussi si on veut, c’est valable pour toutes les élections. Hier en voiture on a entendu par hasard, la pub électorale sur France inter… oh lala La FRANCE, comme elle est brandie à chaque tournant de phrase, la pauvre, on voudrait pas être à sa place. On dirait une parodie tellement c’est consternant, on dirait que c’était pour rire. Oh lala ils y vont fort. Dites, vous savez que le mouvement Ah Dadaïste a déjà trois membres, pas mal non ? en une semaine. Et puis y a un autre mouvement copain qui vient de naître: c’est JMC – j’aime la maison du chat – je me casse – j’adore manger des carottes – je monte à cheval et à dada. Et voilà on peut faire ça et inventer une autre façon de se regrouper. C’est nous qui disons c’est nous qui faisons c’est nous qui pensons. Ça évite d’avoir peur car si tu as peur eh bien y en a qui en profite pour te dicter ce que tu dois faire penser voter. On dit que la peur est mauvaise conseillère et qu’elle n’évite pas le danger. Ici on est d’accord avec ça. Au moins ne pas avoir peur…

L’édito de La Taupe n°130

Oui c’est juin qui arrive tiens. Depuis les érections présidentielles, des mouvements naissent ici et là… non pas des mouvements sociaux (oui y en a et pas des moindres) ou des gestes nouveaux non non c’est juste à chacun son mouvement ! ça pousse comme chiendent tant les divisions sont grandes. Alors ici on se dit qu’il suffit de prendre les initiales de son nom comme un certain EM et qu’on va faire pareil. Allons-z-y. Nous, on va prendre AD comme initiales, tiens. Après recherche rapide ça donne À Donf, Avec Doigté, À Douter, Au Diable, À Déficeler, À Droite (impossible), Ave Drelin, Avec Douceur, Abondance Décoiffée, Abracadabra devine qui est là… pas la peine de chercher davantage le mieux c’est Ah Dada ! On a déjà un conseiller politique, il vient juste de passer ici. Le mouvement Ah Dada ira loin et plus vite que EM, qui lui va à pied, nous dit-il. Ah Dada un mouvement à cheval sur ses principes. Ah Dada un mouvement futile et inutile. Art Dada finalement c’est bien. Yep on est déjà en train de chercher un logo, on a l’idée d’un cheval à bascule qui s’il n’avance pas recule. Ben voilà c’est tout c’est dit.

Qui sait comment les choses naissent ? Nous on sait pas.

L’édito de La Taupe n°129

Mais mai ne fait pas toujours ce qui nous plaît. Non. Pas question d’apporter une voix. Non. On votera page blanche. Ne pas avoir peur de le dire, refuser le chantage et la culpabilité ! D’un côté EM soutenu par Bernard Arnault, le grand usurpateur, par le Medef et par le PS… De l’autre le FN que La Finance fait semblant de bouder, mais dans l’histoire n’a-t-on pas déjà connu ce genre d’alliance ? finance et fascisme ? Bref c’est dit, on ne reviendra pas là-dessus. On va rester au mieux dans nous-même, aller chanter le soir la nuit dans la cathédrale végétale, respirer le silence, rendre visite à La Charente, au saule, continuer de laisser les portes ouvertes, chanter toutes les voix qui viennent, rêver encore et encore. Résister oui. On se dit que c’est pas le moment de lâcher l’affaire et que les manches on va continuer de les retrousser. On va aussi se rassembler ici pour fabriquer un festival joyeux et grave autour du thème de la Mort. Mourir la belle affaire comme le dit la chanson. Un thème pareil ça fait cogiter drôlement, c’est très stimulant très vivant en fait. On remarque ça. Apprivoiser la mort ça donne de la vie. Alors si ça te dit viens passer un moment ici nous donner un coup de main à partir du 12 juin, la maison ouvre le chantier viens si tu veux quand tu veux le temps que tu veux ! Viens !

L’édito de La Taupe n°128

LaTaupe1C’était pas facile d’écrire dans la voiture. Des kilomètres au kilomètre on a fait. Plein. La voiture fidèle carrosse a chevauché autant qu’elle a pu. Quelle est serviable celle-là, vraiment. Sud ouest, sud est, nord est allers retours enchaînés jonglage de personnages. Trouvée sa place partout même dans le moins hospitalier, trouver son coin. Pas loin de huit mille kilomètres et pas mis un centime dans la poche des autoroutiers, ça c’est un cadeau de plus à soi-même et même aux autres en fait. Essayer d’être cohérente un peu plus, polluer le moins qu’on peut tiens. Ça saoule tous ces voyages, tous ces visages, toutes ces âmes. Juste des vibrations reçues données entendues perçues. Juste être au mieux dans l’instant, tenir le fil et le dérouler, jamais pareil, jamais tout à fait le même. Sentir les lieux par les pieds, avec la peau, les oreilles. Être cueillie par leur histoire. Ici pendant ce temps, Gilberte La Voisine en a profité pour partir et Georges reste seul. Ça y est leur tombe à tous les deux, celle qu’on avait découverte au cimetière de Coulonges, il y a quelques années, est remplie à moitié. Gilberte a bien fait les choses. Elle s’est pas laissée couler longtemps. Salut à toi Gilberte ! Ses œillets de poètes fleuriront ici. Vous dire aussi que les hirondelles de la maison sont revenues juste là. Elles nous ont saluée dès qu’on est arrivée. Titittt, salut ! Ça c’est beau c’est bon de les voir à nouveau.

L’édito de La Taupe n°127

LaTaupe1C’est samedi qu’on a vécu ça. À Marseille on était, dans cette ville mythique, jamais vue juste entendu parler d’elle. On était là dans ce quartier abandonné dans cette rue près du périphérique dans ce bruit de voitures cette rumeur de moteurs. Y avait des gens qui passaient mais pas de voix. Comme un silence dans ce bruit de fond. On était assise à la terrasse du seul lieu rescapé dans ce coin, un p’tit kebab comme on en voit partout. Trois tables juste sur le trottoir. On tournait le dos à la rue. Les gars du lieu très gentils nous ont apporté une assiette de frites/salade. Bon on avait demandé sans viande mais y avait quelques morceaux de jambon et puis des tomates cerise aussi. On a mangé les frites et la salade verte laissé les tomates et le jambon. À l’autre table près de la porte y avait deux hommes, du coin sans doute, qui conversaient. Et tout s’est passé pourtant dans le silence. Une femme très âgée très pauvre est arrivée près d’eux, pas de voix non plus, pourtant elle leur a demandé quelque chose. J’ai pensé qu’il la connaissait. Tu veux un coca ? Ils lui ont offert un coca et puis aussi un sandwich. Elle est restée là les yeux dans le vague debout à manger. Et puis on a payé par la fenêtre ouverte, et quand on s’est retournée, y avait un p’tit gars étranger affamé qu’a demandé à finir mon assiette. Tout s’est passé dans le silence. Surprise, on lui a laissé la chaise, l’assiette et du pain. Et il a mangé. On lui a donné un peu d’argent et une part de pizza aussi. Et la vieille femme lui a laissé sur la table la moitié de son sandwich et les deux hommes lui ont offert une boisson. Ça s’est fait dans le silence comme ça. Y avait que de la misère tout autour de ce silence et une grande humanité. On est partie travailler, chavirée.

L’édito de La Taupe n°126

LaTaupe1On ne comprend pas trop comment ça marche une tête d’hom-fem politique. C’est vraiment un mystère. On dirait qu’on n’est pas fait pareil quoi. C’est dommage que les nez ne s’allongent pas dès qu’il y a mensonge. Ce serait sympa et beaucoup plus simple comme ça. Les nez ne trompent jamais eux. Ils savent bien s’ils peuvent s’allonger ou rétrécir. Pratique comme truc. Ça éviterait bien des soucis. Il y aurait deux cas de figures : le nez qui s’allongerait lorsque mensonge sans vergogne et le nez qui rétrécirait lorsque mensonge à soi-même. On ne va pas vous donner d’exemple quand même vous voyez bien ce qu’on veut dire. Ben oui, c’est sûr, personne au bout du compte ne serait épargner, forcément. On est tous des humains. Mais on se dit régulièrement qu’on aimerait bien avoir un tête à tête avec un ou une de ces politiques, avoir une vraie conversation à la Duras, sans tout ce verbiage appris par cœur et tellement froid tissé de chiffres assénés à tout bout de champ, de propos invraisemblables. Comment peut-on parler de la santé des gens, de leur vie, de leur corps, de leur naissance en terme de pourcentage de critères de rentabilité et de plus sembler y croire ferme. Comment ils font pour mentir si tant tout le temps ? Comment ?

L’édito de La Taupe n°125

LaTaupe1Pour l’instant vu de loin même avec un mouchoir sur les yeux des bouchons dans les oreilles et une pince à linges sur le nez ça semble pas terrible ce qui se passe ici-bas pas loin par là en France. Non c’est vrai que 2017 ça rime avec quéquette (on voulait éviter de vous le dire) mais là on est bien obligée. C’est sans doute pour ça que y a pas de femmes candidates (enfin pas de Femme…). Alors, ça serait plus simple si tous ces bonshommes issus de la même famille, d’après ce qu’on a compris, se mettaient tout nus et selon des critères choisis d’avance se mesuraient. Ils pourraient faire ça très vite. Ça prendrait une heure à peine. Ils pourraient se mesurer tout ce qu’ils voudraient les poils la barbe, les oreilles, les doigts, les pieds, le torse… tout quoi. Et puis ils feraient une addition ou une soustraction et celui qui aurait le plus du moins serait choisi comme prétendant à la gouvernance nationale. Voilà ce serait plus efficace plus économique et au moins ça serait drôle… Aussi, on pourrait organiser encore plus d’élections on ne ferait même plus que ça d’ailleurs ; ça serait la fête populaire tous les jours, le spectacle tous les dimanches soir, une sorte de démocratie démocratique à laquelle on pourrait participer en téléphonant en twittant deux trois mouvements, pof, on se sentirait important et c’est ça qui compte, non ? Y aurait des trucs à gagner, des autocollants, des badges, des porte-clefs, des casquettes, des voyages à Washington pour le… pour… oui ça serait chouette ouais chouette. Alors pour 2017, surtout gradez la chouette !

L’édito de La Taupe n°124

20172007, c’est pas croyable mais ça rime avec plein de choses ! C’est rare un vœu en ète ! C’est une vraie découverte ! Cette nuit on pensait à ça ; quoi vous souhaiter pour cette année 2017… ça paraissait pas facile et puis voilà, sont arrivés tous plein de mots, un flot continu, répétitif, et y en avait tant et tant que la nuit était toute réveillée dans l’obscurité de la lune noire. Y en avait et au matin ils sont partis, évaporés, oubliés… alors obligée de se rappeler, de réfléchir… c’est bête la tête parfois ! Puis c’est revenu, voilà… pas si bête en fait ! Oui y a tous les mots qui disent « petite », petite chose comme chaussette petite rame comme ramette petite mine comme minette petite mie comme miette petite cause comme causette petite espagnole comme espagnolette petite viole comme violette petite cade comme cadette petite pale comme palette petite chou comme chouette petite casse comme cassette petite bine comme binette petite nuit comme nuisette petite verge comme vergerette petite reine comme reinette petite fille qui espère comme esperluette…
Sept on aime bien, ça sonne joyeux dans la bouche, ça rime avec tête, bête, pète, esthète, quête, tempête, poète, planète, squelette, perpète, prophète, fête… pouet pouet eh ouais ! alors pour 2017, tout ça on vous souhaite ! C’est pas compliqué, faut vous organiser, choisir peut-êt’e ! Surtout vous prenez pas la tête, tous les jours une fête ?

L’édito de La Taupe n°123

LaTaupe1

La poésie existe pour que la mort n’ait pas le dernier mot. Odysséas Elytis

Bon ben voilà c’est décembre ! Paf ! Allez le froid et le soleil d’un coup font la paire. C’est beau comme tout, c’est pas doux pour tout le monde. Mais ici oui ça donne du baume dans l’œil et dans le cœur. Ces deux-là quand ils ne viennent pas en hiver, il manque quelque chose. Oui, on manque souvent de quelque chose nous les humains, enfin nous les Occidentaux, enfin nous les Français, enfin nous ici, enfin nous moi quoi… souvent quelque chose qui manque ! c’est quoi ce manque qui revient souvent il vient d’où celui-là ? C’est où qu’on a chopé ce virus ? Quand donc qu’on l’a attrapé ? Tu sais ça toi ? Dis-moi ? Pioc rouge-gorge, Charly chat, toi lézard ? toi la mouche qui meurt de froid ? toi mésange ou toi merle… hein petits voisins de la cour… un rayon de soleil et tu chantes, un rayon de lune et tu rêves, une pluie diluvienne et tu attends tranquille à l’abri, le jour tu te lèves, la nuit tu te couches… pas compliqué. Chaque chose te remplit. Alors c’est quoi ce manque ? Dis-moi ?

L’édito de La Taupe n°122

La poésie existe pour que la mort n’ait pas le dernier mot. Odysséas Elytis

Oh non ne dites pas que vous êtes pris ailleurs c’est vous qui décidez ! dites plutôt je choisis d’être là ou là ! Personne n’est obligé de rien sauf s’il est en prison là oui c’est sûr que… On n’a pas semble-t-il conscience de ce que c’est l’absence de liberté, de libre arbitre nous qui vivons encore sous un régime dit démocratique. On a encore cette possibilité de choisir. Faut en profiter ! non ? Pas la peine de s’inventer des barrières soi-même, c’est bien assez compliqué comme ça !
A force de se dire je peux pas, ben tu peux pas ! Ça c’est très efficace comme méthode.
Une qui est en prison depuis août c’est l’écrivaine turque Asli Erdoğan.
Elle écrit le 1er novembre 2016. Prison Bakırköy Cezaevi, C-9, Istanbul.
« Chères amies, collègues, journalistes, et membres de la presse, Je vous écris cette lettre depuis la prison de Bakırköy, au lendemain de l’opération policière à l’encontre du journal Cumhuriyet, un des journaux les plus anciens et voix des sociaux démocrates. Actuellement plus de dix auteurs de ce journal sont en garde-à-vue. Quatre personnes dont Can Dündar, (ex) rédacteur en chef, sont recherchées par la police. Même moi, je suis sous le choc. Ceci démontre clairement que la Turquie a décidé de ne respecter aucune de ses lois, ni le droit. En ce moment, plus de 130 journalistes sont en prison. C’est un record mondial. En deux mois, 170 journaux, magazines, radios et télés ont été fermés. Notre gouvernement actuel veut monopoliser la “vérité” et la “réalité”, et toute opinion un tant soit peu différente de celle du pouvoir est réprimée avec violence : la violence policière, des jours et des nuits de garde-à-vue (jusqu’à 30 jours)… Moi, j’ai été arrêtée seulement parce que j’étais une des conseillères d’Ozgür Gündem, “journal kurde”. Malgré le fait que les conseillères n’ont aucune responsabilité sur le journal, selon l’article n°11 de la Loi de la presse qui le notifie clairement, je n’ai pas été emmenée encore devant un tribunal qui écoutera mon histoire. Dans ce procès kafkaïen, Necmiye Alpay, scientifique linguiste de 70 ans, a été également arrêtée avec moi, et jugée pour terrorisme.
Cette lettre est un appel d’urgence ! La situation est très grave, terrifiante et extrêmement inquiétante. Je suis convaincue que le régime totalitaire en Turquie, s’étendra inévitablement, également sur toute l’Europe. L’Europe est actuellement focalisée sur la “crise de réfugiés” et semble ne pas se rendre compte des dangers de la disparition de la démocratie en Turquie. Actuellement, nous, – auteurEs, journalistes, Kurdes, AléviEs, et bien sûr les femmes – payons le prix lourd de la “crise de démocratie”. L’Europe doit prendre ses responsabilités, en revenant vers les valeurs qu’elle avait définies, après des siècles de sang versé, et qui font que “l’Europe est l’Europe” : la démocratie, les droits humains, la liberté d’opinion et d’expression… Nous avons besoin de votre soutien et de solidarité. Nous vous remercions pour tout ce que vous avez fait pour nous, jusqu’à maintenant. Cordialement. »

SIGNEZ la pétition! Elle est condamnée à perpétuité ! Aslı Erdoğan derhal serbest bırakılsın – Free Asli Erdogan

On est là dehors… le tilleul est d’or c’est beau !

L’édito de La Taupe n°121

LaTaupe1Alors on fait quoi ?

Des bribes nous parviennent ici ou là… et plus le recul est grand plus c’est évident que c’est polluant choquant consternant. Là où l’on croirait le summum atteint y a toujours du plus pire du plus moins du plus creux… on dirait bien qu’un puits sans fond réceptionne la bêtise humaine… peut-être que ce puits, un jour on pourra le boucher, mettre un couvercle dessus ! Là les pensées malodorantes limitantes violentes idiotes binaires misogynes pourront se décomposer, après tout. Et nous on pourra ignorer ce fatras le laisser, l’oublier même… mais pourvu qu’il ne déborde pas ! Oh ! À moins que justement… c’est parce qu’il déborde en ce moment que l’atmosphère est si tant saturée ? Ah oui peut-être c’est ça, juste une histoire de vidange pas faite… ben oui faudrait contacter des vidangeurs des avaleurs aspirateurs des gourmanfriands de malodeurs de mensonges de non-sens de moi je, de toi tu, de propagande petitesse bouh bouh… aspirer toute cette cacophonie direct, l’écrabouiller dans des tubes hermétiques et hop filtrer peut-être… et respirer de nouveau retirer les cotons des oreilles sensibles et puis alors inventer encore s’inventer chaque espace chaque instant chaque ami chaque amie chaque voisin chaque matin chaque chemin chaque rire chaque sourire et chaque silence aussi !

L’édito de La Taupe n°120

Oui il y a des gens qui survivent dans les rues de Paris.
Des petites familles des gens dignes et d’une beauté à couper le souffle ils sont syriens sans doute. Là tu marches et si ta poche n’est pas remplie de pièces de monnaie tu es mal à l’aise. Tu essaies de dire bonjour au moins de donner un regard et c’est pas facile. Y a des gens vrais en chair et en os et c’est pas de la blague. Comment faire ? Il commence à faire froid, fini la rigolade et la guerre qui continue. C’est quoi cette incapacité à accueillir l’autre ? On se demande comment on ferait si quelqu’un venait frapper à la porte et demander asile, comment on réagirait… pas sûr d’être à la hauteur ! Ici à la campagne on est épargnés même si la misère est visible et grandissante. On la voit surtout dans les corps déformés par la malbouffe la misère, dans les visages bouffis d’alcool et marqués par le vide existentiel. Ça nous ferait du bien de voir des gens venus d’ailleurs, des gens de couleurs comme on dit. Oui ce serait salutaire.
Alors se préparer à les recevoir, continuer de semer, d’œuvrer là à sa place et puis si ça frappe à la porte, ben on verra bien !

L’édito de La Taupe n°119

LaTaupe1En l’honneur de Pop qui nous a quittés le journal change de nom et devient Garlopopes

Il pleut il mouille c’est la fête ! Hm cette fraîcheur tout à coup et l’odeur de la terre tout juste perceptible… sûr qu’avec une paire d’oreilles aiguisée on l’entend la terre gémir de plaisir, un peu douloureux, à peine. L’eau la caresse, la pénètre et c’est doux.
Ici on a décidé de profiter de tout ce qui arrive, si bien que lorsqu’il pleut une belle pluie bien mouillante on va se mettre dessous et on reçoit cette douche toute fraîche et vivifiante et c’est cadeau ! Alors ne soyez pas surpris si vous passez par là et poussez le portail un jour de grosse pluie de voir quelqu’un en petite tenue ou même nue qui regarde le ciel et dégouline de partout. C’est pas d’aujourd’hui cette envie-là, elle est arrivée petit à petit. Mais surtout au mois de juin tu te rappelles il pleuvait des cordes et on râlait à qui mieux mieux c’est arrivé comme ça tiens on s’est dit au lieu de râler profite donc de cette pluie fais-en quelque chose. Du coup on a arrêté de se plaindre du temps et décidé d’en faire quelque chose.
Eh bien c’est pareil avec le reste. On peut en avoir assez des hommes politiques pour ne citer qu’eux. On a le choix de faire ce que semble faire la majorité des gens : râler après eux, parler d’eux les détester les glorifier… en fait tout ça c’est la même chose si tu en parles, ça les fait exister dans toi, tu as des images des infos qui t’arrivent et tout le tralala, mais si tu arrêtes de parler d’eux, si tu t’éloignes de ce battage, choisis de ne plus leur prêter attention et ben oh bout d’un moment ils n’existent plus pour toi, ils s’effacent, et ne polluent plus tes pensées et c’est drôlement bien ! Ça laisse de la place dans la tête et c’est plus léger! Ben ça c’est valable pour tout, on peut encore décider de penser à ce qu’on veut et penser on fait ça toute la journée… c’est beaucoup de temps quand même ! alors…

Hommage

c’était il y a une vie
ce sera une autre vie
ce sera la même histoire
ça continue
Pop est morte jeudi 4 août vers 16 heures
c’était la saint Jean Marie Vianney
j’savais pas que ça existait ce saint là
ça ressemble à rien ce nom là pour moi
la saint amour était pas loin
mais c’était pas possible d’attendre encore quelques jours
le 4 août le ciel était couvert
le plafond était bas presque collé au sol
il a même plu le matin une grosse pluie de grenouille
pop était mal depuis une semaine
je connaissais l’issue intuitivement dès le premier jour
elle n’a jamais été malade sauf d’indigestion une ou deux fois
nous connaissons l’issue
c’est la même pour chaque être
et de parler d’issue peut faire penser à une délivrance
ça se dit à propos de la mort
oui ça se dit et il y a de ça
Pop a été délivrée, livrée ailleurs déplacée
la vie ôtée le corps inerte ne ressemble en rien à l’être qui vivait
en rien
cette enveloppe est comme un masque une farce
où s’en va l’être je ne sais pas mais il s’efface
il se dit tant de choses là dessus
Pop est arrivée dans ma vie malgré moi
elle s’est imposée au début de l’été 2002
abandonnée sur la route des vacances elle a été trouvée
et c’est ici qu’elle est venue vivre
elle nous a adoptés bien sûr tout de suite Léo et moi
il a fallu qu’elle m’apprivoise et je vous jure qu’elle a été d’une patience sans limites
qu’elle m’a aidée à apprendre à me comprendre
elle n’a jamais lâché ne m’a jamais lâchée du regard
j’ai mis du temps à réaliser que c’était elle qui veillait sur moi et pas l’inverse
elle était là à l’ouverture de la porte de La Maison du Chat Bleu
elle était là
et toutes ces années, c’est comme un siècle,
elle a accueillie chaque personne qui a franchi le seuil de la maison
avec la même constance la même joie
des centaines de personnes l’ont rencontrée
chaque jour la joie chaque jour le même regard d’amour
nous avons voisiné presque 15 ans
une histoire où chacune a trouvé sa place
où chacun a croisé son regard de gourmande, son regard si doux
chacun habitué à la voir là hôtesse d’accueil attentive et très à cheval sur les convenances
j’entendais les gens arriver et dire Bonjour Pop, ça va ?
Elle les escortait jusqu’à la porte de la maison.
Elle est partie nous l’avons enterrée et c’était difficile de creuser cette tombe
car la terre ne s’ouvre pas comme ça
ça marche pas comme dans les films
je n’y serais jamais arrivée seule
là il y avait Jojo, Samia, Jacqueline et moi
et nous ont rejointes Anaïs et Agnès
et je vous jure que le ciel s’est ouvert quand tout fût fini
dans notre silence le soleil est venu la saluer
son âme a troué les nuages
j’ai entendu il y a longtemps une histoire qui disait que les chiens
doivent vivre une belle vie de chien
et qu’alors ils reviennent sous forme humaine
et qu’ils auront une belle vie
je lui ai raconté cette histoire
elle sera fillette jeune fille et belle femme
une belle personne joyeuse attentive et gourmande.
À vous qui l’avez aimée.
Ici le 7 août 2016
Anne

L’édito de La Taupe n°118

JOURNAL DES GARLOPOTES NOVEMRE 2010 N°11Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.
Benjamin Franklin

On va mettre des drapeaux partout avec le mot LIBERTÉ écrit dessus et nous resterons droits et debout dans le vent, la pluie d’orage, la grisaille et s’il neige pareil. Voilà… que ceux qui préfèrent la sécurité à la liberté viennent faire un tour par ici nous les accueillerons à bras ouverts. Trois semaines de création et de réflexion autour du thème ‘et la liberté alors t’en fais quoi ?’. Oui ça va, on l’espère bien nous ouvrir des horizons dans la pensée le corps et l’âme tiens… Est-ce-que je suis libre vraiment ? Qu’est-ce que j’accepte ? Qu’est-ce que je gobe ? Qu’est-ce qui résonne en moi ? Qu’est-ce qui raisonne si fort ? Et pourquoi, pourquoi ? Je me laisse manipuler ? Ne serait-ce pas parce que j’ai peur ? Peur de la mort ? Ne serait-ce pas parce que j’ai peur de vivre tout simplement ? On vous racontera si vous ne venez pas… ce que ça fait d’écrire le mot liberté partout, de le pétrir, de s’y coller quoi… et surtout n’ayez pas peur de passer par là. La liberté ne mord pas.

Le dessin de Tardi est emprunté à Siné Mensuel de juin 2016 !

L’édito de La Taupe n°117

LaTaupe1

Il est parti Siné… avec toute sa tête. Il a écrit jusqu’au dernier moment… parlé de la mort juste avant de mourir avec un liberté incroyable… du mal à le croire tellement il m’a fait rire, là juste y’a trois jours, quel talent… Bon voyage à toi Siné.

Oui une question qui tourne de plus en plus dans la tête. On regarde des images ou des images nous regardent enfin on se croise les images et moi. On s’informe, on cherche à savoir, à comprendre…  on ne comprend pas, on comprend, les deux. Mais devant ces photos de violences et récurrentes des CRS partout dans le monde habillés pareil, ces hommes qui tapent sans vergogne sur tout ce qui résistent, qui obéissent aux ordres, gazent à bout portant… comme si c’était dans l’ordre des choses… ne commettent-ils pas des actes tout à fait répréhensibles ? Ils ont le droit de faire ça ? c’est étrange non ? C’est légal de toucher l’autre de cette façon ? de lui donner des coups de pieds, de le traîner, de lui faire mal, de lui mettre des menottes dans le dos, de l’embarquer violemment, de mal lui parler ? et tout simplement de le toucher sans y être invité ?… comment c’est possible ? C’est pas la vie normale ça… tu ne touches pas l’autre s’il n’est pas d’accord quand même… c’est ce qu’on apprend tout petit à respecter l’autre… non ? Vous ne trouvez pas ça étrange ?

L’édito de La Taupe n°116

LaTaupe1Alors voilà ça vit ça vient… la nuit debout ! des gens partout ! Ça prévient pas c’est ça qu’est fou ! C’est comme tout y’a un avant et y’a un maintenant.

Mai mai mai Paris mai mai…

Et ce beau printemps si tant là…. la nature altière et fière, est toute en retenue, fait durer le plaisir… comme une attente… et des gens qui se dressent. Ça fait du bien partout… Et cette belle jeunesse qui dit non à la bêtise et tout qui se mélange… tout ça… ben ça donne du courage… ici on est concernée complétement par toute cette créativité. On aime ça… comment vivre sans poésie sans respect sans écoute… chouette alors… même si on n’a pas le temps de participer le cœur y est là-bas… dans les villes sur les places… directement le cœur y est. Ici un drapeau de la paix flotte, c’est mai toute l’année… les fleurs de soucis fleurissent sans cesse et restent à leur place, dehors les soucis se portent à merveille et vivent leur vie. Pas de place pour eux ici dedans et tout va bien. Le rossignol est revenu, les hirondelles aussi, ça y est, elles se sont mises à l’œuvre. Ça bouillonne bien ! chouette chouette chouette… la vie… enfin une saison qui se ressemble une saison qui nous rassemble.

L’édito de La Taupe n°115

La liberté est toujours en vérité provisoire.
Jacques Prévert

Je ne veux plus savoir ce qu’il se passe dans le Monde. Donnez-moi la permission de me retirer en moi. Donnez moi la permission de dire je pour une fois. Je ne veux plus savoir ce qu’il se passe dans le Monde, je ne peux plus. Donnez moi du temps pour rebondir, pour me remettre sur mes jambes. Je suis tombée je tombe, donnez-moi la permission de faire silence, de pleurer. Je ne veux plus jouer je ne peux pas. Donnez-moi la permission de me retirer de me terrer dans mon monde celui que j’aime, celui que personne ne pourra m’empêcher d’espérer jusqu’au bout. Je ne veux plus savoir ce qu’il se passe dans le Monde, je ne veux plus que la beauté des choses, l’amour, la couleur, le rêve, le chant, l’oiseau et la bonté. Je ne veux plus participer à tout ça j’en suis lassée lassée. Donnez moi la permission de me reposer un peu d’aller respirer l’océan l’air du temps d’avril où j’entre doucement. Quel délicieux printemps et on voudrait me priver de lui ! permettez-moi de me retirer, pour une fois de ne pas crier permettez-moi de vous dire que je préfère juste vous dire que je vous aime, que je vous remercie de me lire.

L’édito de La Taupe n°114

LaTaupe1Eh ben voilà les trois spectacles à venir sont des spectacles de femmes. Le hasard fait bien les choses. Hommage ! Thérèse Clerc s’est éteinte le 16 février. Cette Babayaga nous manquera. Mais nous sommes là, nous les femmes vieillissantes et nous veillerons au grain. Une pensée pour elle et pour son dernier voyage. Certains certaines pensent que la cause féministe est une cause dépassée… oh comme ils se trompent… rien n’est jamais acquis… nous en sommes témoins plus que jamais ces jours-ci. Rien n’est jamais acquis ! On avait naïvement pensé que si… pourtant. C’était confortable de penser ça… or voilà maintenant trente ans que tout est remis en question, petit à petit, coup de butoir après coup de butoir… tout vole en éclats. Les Riches ne désarment jamais, ils sont insatiables. Ils paient et ça les rend arrogants et méprisants. Ils sont d’une ténacité exemplaire. Ils le disent d’ailleurs, ils sont patients. Mais quand même les pires, ce sont leurs valets. On ne sait plus où donner de la tête, tellement le carnage est organisé et généralisé. Mais voilà… tant que nous sommes là, tant que nous serons vivants, nous résisterons, nous inventerons notre vie. Il y a des choses formidables qui arrivent dans tous les coins de notre beau pays. Toujours l’espoir et la créativité. Il y a une semaine soixante mille personnes se sont rassemblées pour défendre Notre-Dames-des-Landes et plus largement dire un autre monde est possible. Inventons-le là où nous sommes !

L’édito de La Taupe n°113

LaTaupe1C’est pas une nouveauté… le bateau du gouvernement est bien mal en point ! à distance ça fait pitié de voir ça… et concrètement c’est un désastre que ce groupe humain-là, des casseurs on appelle ça. Pff, la seule qui avait de l’allure, de la culture, qui savait parler notre langue, citait des poètes par cœur, parlait de lectures, de livres, portait un regard et quel regard (quel visage !) sur la vie et sur son prochain. La seule qui semblait penser par elle-même… a quitté l’embarcation… quel dommage… Ceci dit on se demandait comment elle pouvait tenir le coup au milieu de ces hommes insignifiants, brutaux qui s’expriment à coup de mâchoire serrée et langue de bois. Elle a dû en voir des vertes et des pas mûres comme on dit. Une femme sacrée ! On peut que lui donner raison ! S’ils restaient entre eux à éructer comme ça en cercle fermé on s’en ficherait bien mais ils organisent une casse généralisée… on oubliera pas que ce sont eux qui condamnent les ouvriers de Goodyears à neuf mois de prison ferme pour avoir défendu leur boulot en séquestrant un ou deux de leurs cadres. On oubliera pas que ce sont eux qui veulent la destruction du site de Notre Dame des Landes… On va pas faire la liste… mais on oubliera pas. A cette adresse vous pouvez voir des films sur la résistance à Notre Dames des Landes, des gens très beaux, dignes ! www.acipa-ndl.fr

L’édito de La Taupe n°112

LaTaupe1La beauté est une manière de résister au monde, de tenir devant lui et d’opposer à sa fureur une patience active.
Christian Bobin

Y’a Noël et ses cadeaux… mais on pourrait bien déposer son chausson au mois de janvier. Ça changerait ! on écrirait une lettre dite au Père Janvier (père pour ne pas perdre tous les repères). On aurait jusqu’au 31 pour l’écrire cette lettre. On pourrait tout demander sauf des cadeaux emballés comme ceux qu’on connaît. On pourrait faire des listes et les publier ou les coller en gros sur les murs des maisons. Il y aurait comme ça des maisons, des hameaux, des villages, des villes entières couvertes de vœux les plus incroyables, les plus grands, les plus drôles, les plus beaux. Ça ferait rêver, ça ferait lire, ça donnerait de la gaîté peut-être. On irait voir les gens et leurs vœux on en parlerait peut-être… et sans doute qu’ on en verrait peu des gens qui diraient : moi je veux une grosse guerre, un accident nucléaire, voir mourir mon frère et ma mère. D’ailleurs parfois l’écrire qu’on voudrait tuer son père ça peut faire du bien et après ça passe on a plus envie de le faire puisque c’est dit… le pire c’est de le taire … Ça vaudrait le coup d’essayer non ? d’ailleurs ça nous donne des idées. On pourrait faire des dessins aussi des peintures. Ça serait éphémère bien sûr. D’ailleurs tiens si ça te dit à toi d’écrire comme ça ta première lettre au Père Janvier fais-le et envoie-là ici. On en fera forcément quelque chose de beau… si ça te dit fais-le. On en fera sûrement quelque chose de beau.
Si ça te dit… hein ?

L’édito de La Taupe n°111

On aimerait vous faire un cadeau pour cette fin d’année, on aimerait vous dire les plus belles paroles, celles qui donnent du baume au cœur, on aimerait, malgré ce chagrin immense dans lequel nous sommes, vous dire, ramons encore, ça vaut le coup toujours de ramer, on aimerait vous couvrir d’illusions, vous raconter des balivernes, vous faire rêver, on aimerait vous dire que ça y est enfin l’humain est devenu humain et digne de l’être, on aimerait vous dire reposez votre corps, reposez votre âme, écoutez le silence, le chant de l’oiseau, la voix de l’enfance, on aimerait vous dire qu’il fait si doux en ce mois de décembre, que c’est un cadeau peut-être, de la douceur on en a tant besoin, on aimerait vous dire malgré la colère, le sentiment d’impuissance essayons encore tant que nous sommes vivants, on aimerait vous dire écrivez sur vos maisons des messages d’amour et d’espoir, on aimerait vous dire la rue est à nous donnons-lui de la beauté, écrivons sur les trottoirs sur les bancs reprenons l’espace public tout ça nous appartient, on aimerait vous dire merci d’être là, merci pour les petits mots, pour les rencontres, pour ces liens que nous tissons, pour les regards, les sourires merci à vous…

L’édito de La Taupe n°110

LaTaupe1Bon alors là… on y est en plein dans le mille, on y est. Alors là même si on n’écoute pas la radio, ni ne regarde la télé… alors là quand même là faut dire que là… on sent bien que… qu’on est au cœur de l’actualité ici… hein la liberté t’en fais quoi ? c’est notre thème quand même… et puis Comment va le monde ? ben oui ! c’est pas mal aussi comme question aujourd’hui. Comment va le monde papalapalalala, euh ben pff… ça… on a bien une idée là-dessus… On voudrait bien vous en parler tiens… alors par exemple on pourrait créer des écoles Freinet ou Montessori, des écoles où les enfants pourraient prendre le temps de vivre, où ils ne seraient pas tout serrés dans les classes, où ils pourraient se mélanger, se patauger, où ils pourraient danser et peindre, planter des graines tranquillement, où on leur dirait tiens si tu veux tu peux faire un gâteau pour les autres, chanter une chanson qui n’existe pas, te reposer avant la récré pour pouvoir jouer. On pourrait à la place des avions de guerre, on pourrait acheter des maisons pour les gens qui n’en ont pas, de toit, on pourrait dire ben voilà toi t’as des maisons, plein de maisons ben quand même tu pourrais bien en donner une ou deux hein, pour partager avec les autres. On pourrait dire, tiens mais c’est vrai quand même, où sont passés tous les éducateurs qu’étaient dans les cités, qui faisaient des trucs chouettes avec les « jeunes ». On pourrait leur dire ben revenez y’a besoin de vous… on pourrait dire ben oui, si on ouvrait notre cœur tiens ! si on ouvrait hein … si on ouvrait les bras par exemple ! enfin des idées on en a plein ici… on pourrait nous demander notre avis parfois… parfois on pourrait quand même !

Si on me demandait, je dirais

Si on me demandait je dirais
vive la vie
je dirais
il faut nous aimer sur terre il faut nous aimer vivants (Paul Fort)
je dirais
quoi ? pourquoi ?
je dirais
tristesse consternation cœur en berne
je dirais
tiens ça n’arrive pas qu’aux autres
qu’à ceux qui vivent si loin qui ont droit aux attentats quotidiens depuis des décennies
je dirais
l’indignation sélective me fatigue
un enfant est un enfant où qu’il soit
je dirais
bouh ces discours guerriers, cette virilité, ce mot éradiquer
je dirais
bouh ces hommes en érection de combat
je dirais
la guerre n’a-t-elle jamais résolu quelque conflit, hein ?
je dirais
tous ces fils perdus c’est un échec
je dirais
les réponses on les connaît
occupons-nous de nos enfants éduquons-les aimons-les
je dirais
quoi ? on fabrique toujours et encore et encore des armes
je dirais
riposte coup pour coup dent pour dent
combien de corps sous des bombes propres
je dirais
combien nous coûte l’opération vengeresse de ce dimanche soir
combien coûte un poste d’éducateur de rue
je dirais
comment chanter encore ce chant vengeur, cette marseillaise
je dirais
qui sème la misère récolte la tempête
je dirais
que sont mes “espoirs” devenus que j’avais de si près tenus et tant aimés (Rutebeuf)
je dirais
je ne comprends pas ce monde
je dirais
allez voir Fatima le film de Philippe Faucon, et La Désintégration du même réalisateur
je dirais
je vais continuer mon chemin celui du doute, du partage, de la rencontre, de la fantaisie, de la liberté, de la beauté, de la désobéissance
je dirais
ris de toi-même, cultive l’humour, choisis ta vie
je dirais
renforce ton amour pour toi-même dissous ton égo
je dirais
regarde le cœur du voisin pas sa voiture
je dirais
souris si tu peux
je dirais
essayons d’être heureux ne serait-ce que pour donner l’exemple (Jacques Prévert)

L’édito de La Taupe n°109

LaTaupe1Oh on doit être, on l’espère peu nombreux à se trouver là tout de suite devant un ordinateur… mais bon c’est le premier jour du mois, vrai, c’est notre moment de rendez-vous avec Vous, l’instant. C’est la Toussaint, tiens et le soleil est généreux. Tout est ouvert comme au cœur de l’été et pendant que vous sirotez un petit verre à une terrasse, que vous portez un chrysanthème à un être aimé, que vous osez vous déshabiller et vous jeter à l’eau, que vous arrachez, rempotez, nettoyez votre jardin, que vous siestez paresseusement seul ou avec votre amour, que vous lisez, que vous mangez, pendant que la terre continue de se tourner de se retourner, pendant que les bombes tombent et tuent, ici, on est partagée entre le bonheur et l’envie de pleurer. Cette émotion, cette joie-là qui donne l’envie de pleurer tellement c’est beau. On devrait avoir un mot pour dire ça, pleurer de joie c’est réducteur. Existe-t-il un mot pour ça ? c’est qu’on écoute en avant-première la maquette du disque de Simple Com’ (lire simple comme)… vous vous souvenez ? Ce sont les enfants d’ici (et tous leurs invités) qui ont grandi, qui ont travaillé leurs voix instruments, écritures, arrangements et c’est tout bonnement magnifique.
Un disque poétique, profond, joyeux et désespéré, des textes ciselés et des mélodies/arrangements fouillés qui nous parlent de nous, de notre monde. Quelle leçon !
Merci d’y prêter attention.

L’édito de La Taupe n°108

Eh ben on croyait bien qu’on n’arriverait pas à trouver le temps de vous écrire tant l’espace de cette rentrée, comme on dit, était saturé et quelque peu vicié. Hmm y’a des effluves nauséabondes qui traînent… même si nos oreilles n’écoutent plus les sirènes du monde en guerre… on sent bien que la guerre est là tout autour. Les « va-t-en-guerre » se portent à merveille. Et ça éclabousse le petit être que nous sommes. Paf pif pougf… Y’a pas que de la rumba dans l’air… Dommage… Bon voilà que ça se calme. Le vent du nord a du bon, il apaise les ardeurs et chasse les mauvaises odeurs. Il mord, le coquin, donne l’alerte. Restez vivants il dit ! Bougez-vous, tiens. S’en faire un ami plutôt, l’accueillir après tout. Accueillir, ouvrir, laisser aller la vie bon sang… Tout à l’heure sur le chemin les noix tombaient dru. Il en pleuvait … y avait plus qu’à ramasser. Ça, c’est la joie de l’automne, le glanage. Les noix, c’est un peu comme les œufs de Pâques, les dénicher, les sentir sous les pieds… toujours le plaisir d’en remplir ses poches, son tablier, son foulard… et de rentrer avec ce trésor. La vie quoi… comme disait l’ami, Denis. Tiens, une pensée pour lui, parti un jour d’automne. Lalala… La vie quoi…

L’édito de La Taupe n°107

LaTaupe1Ça y est on va boucler cette boucle. C’est juin ça y est on y est. La chaleur tout d’un coup l’été. Hop envie de sortir le hamac et d’y rester des heures à écouter les oiseaux se parler. Oui mais bon c’est pas trop le moment de se ramollir… pourquoi ? on devrait pouvoir se ramollir si besoin. Hop fondre comme neige au soleil le temps nécessaire. Ça n’embêterait personne dans le fond, juste ça ferait des flaques incongrues par ci par là, des flaques qu’il faudrait éviter quand même. On ne marche pas sur les autres sans risquer de les abîmer. On saurait que quelqu’un se repose. On saurait ça, ça se dirait car on serait élevés dans le respect de l’autre. L’autre serait bienvenu même sous forme de flaque. Il aurait confiance. Je suis flaque quelques temps laissez-moi dormir un peu. Il n’y aurait pas de danger d’être dérangé sauf peut-être par une mésange ayant besoin de prendre un bain, ou par un bébé pieds nus apprenant à marcher et ça ferait juste un peu de chatouille.  Ça permettrait de respirer et de changer les habitudes. Pas de chauffeur de bus ce matin, il dort, allez vous promener les enfants… ou bien des enfants ne descendraient pas du bus, y resteraient plusieurs jours endormis. Et les classes seraient moins remplies. On pourrait choisir… et ça ferait des économies forcément puisqu’on ne parle que de ça tiens… « faire des économies » quand même c’est fou de ne parler que de ça, d’argent, oh quand même… c’est vraiment sans intérêt non ?

L’édito de La Taupe n°106

LaTaupe1Y’a des peuples oubliés, des peuples sacrifiés, dont on ne parle pas ou plus. Le peuple Sarahoui ça vous dit quelque chose ? on se souvient de ça… Front Polisario, Sahara Occidental, marche verte… Oublié… c’était dans les années 75, vers là, ce peuple chassé par l’armée marocaine et l’armée espagnole (soutenues par le gouvernement français). On les a oubliés tiens… parfois on s’disait ça que sont-ils devenus ? ben juste vous rappeler que ce peuple résiste toujours. Étonnant peuple de nomades, peuple du désert. Étonnant peuple arabe qui vit depuis quarante ans ni dans la paix ni dans la guerre, privé d’une partie de sa terre occupée. En ce jour de repos et de pluie, vu sur Arte7 ce documentaire La Dernière Colonie. Une dignité, une beauté chez ces gens… quelle leçon ! des femmes libres et respectées, un peuple qui mise sur l’éducation 95% d’alphabètes… Un peuple privé de sa terre ne lâche jamais… partager ça avec vous… ici on parle de racines beaucoup. C’est le thème de l’année… de l’importance d’avoir des racines. Avec la préparation du festival d’été nous travaillons là-dessus, passionnant. Si le cœur vous en dit venez c’est à partir du 8 juin que la porte s’ouvre.

L’édito de La Taupe n°105

LaTaupe1Bon une fois n’est pas coutume on devance le temps tiens. Voilà c’est pas fini mars mais allez on passe à avril. Avril, on va pas vous la faire, l’histoire du fil. Avril on verra bien, aujourd’hui on pense à Radio France… ça y est, y’a grève… une sacrée grève… du jamais vu sans doute. Toucher la Radio FM ça fait déjà un moment qu’ils grignotent de-ci de-là… en virant l’un en ne renouvelant pas l’autre en glissant de la pub en faisant disparaître peu à peu les Voix en les remplaçant par des voix qui se ressemblent des voix qui ricanent qui déblatèrent… oh quelle tristesse…  Ça y est les charognards attaquent sévère… la même tactique… y mettent en place une nouvelle tête si possible une grosse tête qui n’y connait rien, une personne nocive mais qui ne le sait même pas… elle est chargée de tout casser et sans doute très bien payée pour faire ce sale boulot… Là y z’ont mis un jeunot qu’a sans doute jamais écouté la radio, qu’est né avec les radios privées tiens (belle blague que ces radios-là). Un jeune mec qui investit dans « son bureau » la bagatelle de 100 000 euros…  allez ben oui… son précieux petit cul a besoin d’un gros fauteuil… et dans sa tête ce garçon « pense » qu’il faut virer des gens pour faire faire des économies… alors ça veut dire 300 personnes dehors, tous volontaires bien sûr…  Ça fait trente ans que ça dure…  toute cette énergie au service d’une destruction massive et organisée. Ben c’est pas de ça qu’on rêvait… heureusement qu’on rêve encore.

L’édito de La Taupe n°104

On aimerait vous chanter ce qu’on écoute en boucle, là tout de suite, partager cette musique… là… oh le chant, le mystère du chant, d’où ça vient… d’où viennent ces larmes qui arrivent à l’écoute de ce chant, de cette musique, des larmes comme  un tourbillon comme un plaisir une jouissance… étonnant inépuisable sac de larmes … toujours là prêt à craquer… la musique qui le croque qui le crève hhhhhhhpfff c’est tellement… mais quoi la beauté ? c’est quoi ? cette beauté, là et cette envie de bouger de danser, remplir la maison comme un œuf de ce souffle, le cœur ouvert ouvert ouvert… Où vers, où ? vers ? quoi ? comme un autre endroit un ailleurs une éternité là où les yeux se ferment de délice, où se frottent des chagrins, des envies de vie,  quelque chose qui affleure, qui effleure, eh fleur sur la lèvre posée, un baiser, une musique baiser, une musique qui bascule, qui se pose et glisse, une chant désir, comme l’enfant qui dit encore encore encore, comme l’amante qui crie oh oui  encore encore encore. Ça… diffusé sur la terre entière au même instant, cette musique, son silence, et le silence qui suit.

L’édito de La Taupe n°103

LaTaupe1C’est quoi ces chiffres… on se demande si on n’est pas arrivé à la limite… après 1 c’est 0% et après qu’est-ce qu’il se passe ? En amont de la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, Oxfam a calculé que l’an prochain, le patrimoine cumulé des 1% les plus riches du monde dépassera celui des autres 99% de la population. Les 1% les plus riches possèderont plus que le reste de la population mondiale en 2016.
Aujourd’hui froid de canard tiens… À la Chandeleur l’hiver se meurt ou prend vigueur. Eh ben te voilà l’hiver enfin, c’est bien. C’est bien ce froid car on entendait les oiseaux ces jours-ci qui commençaient à s’énerver à chanter à tout va. Les voilà de nouveau cachés dans des abris de fortune. Ça c’est toujours comme un miracle que d’entendre les oiseaux chanter au cœur du reste… ils s’en foutent les oiseaux si c’est la guerre tout autour, si on est triste malade heureux ou pas. C’est comme s’ils étaient là au-dessus de tout souci, de tout soupçon. Ils semblent ne pas connaître autre chose que le silence ou la joie. Y’a bien longtemps on a vu un film d’animation qui s’appelait Les Oiseaux sont des cons, d’un certain Chaval qu’on a confondu longtemps avec Chagall. Jamais oublié ce petit film, va savoir… la mémoire ! Chaval était un dessinateur humoriste né le 10 février 1915 tiens c’est presque son anniversaire dis donc ! Enfin il est mort en 68, il s’est suicidé… si vous voulez savoir… et voir d’autres dessins, y en a .

L’édito de La Taupe n°102

Envie, puisqu’on y est en vie encore, de partager ce court extrait de Nasser, président égyptien, parlant du voile il y a 60 ans… ça fait drôle… regardez !
Nasser parle de son entretien avec les frères musulmans sur la question du voile (YouTube)
Et puis de remercier toutes les personnes qui ont réagi à la lettre de Anne, c’était une avalanche de beaux messages de mercis et de tendresse. Vous faire partager cette parole de Julos Beaucarne écrite en 1975 qu’on nous a envoyée ces jours aussi : « Sans vous commander, je vous demande d’aimer plus que jamais ceux qui vous sont proches. Le monde est une triste boutique. Les cœurs purs doivent se mettre ensemble pour l’embellir. Il faut reboiser l’âme humaine… » Et puis vous signaler que Là-bas si j’y suis reprend du service sur le net et qu’on peut s’abonner… z’ont un facedebouc… Et que si Charlie Hebdo avait besoin d’aide pour perdurer il en est de même aujourd’hui pour Siné Mensuel, pour L’Humanité… pour Fakir, pour Reporterre, pour Basta Mag, pour CQFD, etc., alors c’est le moment de s’abonner, de soutenir… après ce sera trop tard ! Et les regrets… c’est bête quand même quand on y pense ! Comme d’aimer les autres une fois qu’ils sont morts !

L’édito de La Taupe n°101

LaTaupe1On se dit pourvu que ça dure la vie encore un peu longtemps, on se disait ces jours ah tiens on va leur parler de ça, et puis de ça… et en fait là à l’instant d’écrire ben y a plus rien qui vaille plus rien qui vient rien vraiment rien qui passe… le ciel est de nouveau tellement bas… bon  faudrait se ressaisir… c’est le moment de faire des vœux et d’en souhaiter à tour de bras, à qui mieux mieux… tiens c’est bien qui mieux mieux comme vœux, on peut dire allez portez vous à qui mieux mieux ça veut dire : allez encore mieux ! Ça c’est la bonne nouvelle : on peut toujours aller mieux… on vous souhaite ça :  pour 2015 allez, allez  mieux tiens, oui c’est bien ça !
Ah stop voilà qu’une idée semble revenir… oui on se disait à quoi on pense quand on est tellement riche qu’on a de quoi bien vivre pour cent ans et plus, sans rien faire s’entend, à quoi on pense quand on est tellement fortuné, de quoi rêve-t-on ? est-ce qu’on rêve encore ? à quoi on rêverait si c’était le cas ? bon si c’était le cas ? ben euh ben pff euh pffpfpff ooh bon c’est quoi ces questions ? là on n’a pas envie de répondre, voilà !

L’édito de La Taupe n°100

Faudrait pas croire tout ce qui se dit, vaudrait mieux chercher à comprendre, un peu regarder, un peu tendre l’oreille, peut-être même s’arrêter vraiment pour y voir mieux, juste comme ça de soi-même. Ce qui se dit, ce qu’ils disent, ils l’ont dit alors c’est vrai, c’est curieux quand même cette crédulité, ce besoin qu’on a de croire à, de croire une voix qui dicte ce qu’il faut penser, et d’y retourner chaque jour, à cette source s’abreuver de discours limitants assénés si bien ficelés, pensée muselée… du bien du mal… pensée binaire… hm c’est curieux de voir ça, cette acceptation du ils l’ont dit alors c’est vrai, c’est ça qui est dangereux, c’est lui mon ennemi, les autres sont mieux lotis, c’est ça que j’ dois manger, comme ça que j’ dois m’soigner… c’est là que j’ dois passer, cette obéissance-là, cette passivité, croire que s’il pleut il fait mauvais temps, que le soleil ne luit que dans un ciel sans nuage… et puis attendre toujours cet homme providentiel (ou une femme non ? hélas y en a bien une qui rôde) sensé nous sauver, nous redresser… zut alors et si on se retroussait un peu les manches, qu’on arrêtait de subir, si on ouvrait nos maisons, si on laissait nos portes ouvertes, si on se réunissait pour inventer d’autres mondes… ça vient ça vient ? oui ça vient… il y a des graines semées un peu partout… semons, semons… ensemençons… tiens…

L’édito de La Taupe n°99

LaTaupe1Y en a qu’appelle ça la flemme et si c’était juste de la fatigue ! derrière le mot flemme y’a pas loin celui de flemmard, un jugement quoi déjà… bon peut-être y’a des gens qui sont des fatigués de naissance comme on dit… mais de naissance on n’y croit pas… des feignants y en a… peut-être juste feignent-ils, peut-être qu’ils ne savent pas exister… c’est vrai on en a rencontrés parfois de ceux qu’ont les mains coincées dans les poches… qui s’arrangent pour ne rien faire… on les repère vite ceux-là quand ils passent ici, alors on leur occupe les mains et parfois ils aiment bien, souvent ils sont surpris, parfois ils regardent de travers mais ils obtempèrent… mais bon on le voit bien que la plupart des gens ont envie de participer, de faire, de fabriquer, de s’intéresser… il suffit de regarder un peu, ça se voit quand même. Et puis faut pas confondre avec la paresse, ah la paresse ça c’est autre chose, c’est l’intelligence… ça n’a rien à voir… c’est beau, c’est vivant, c’est malin la paresse… Là y’a tellement pas de lumière que  ça crée une sorte de flemme en nous, qui pourrait bien être l’expression d’une fatigue tiens… c’est possible… on se demande même si on n’est pas en train de dormir en pensant à vous… hm

L’édito de La Taupe n°98

LaTaupe1C’est bien la fête des morts quand on la vit vivant. Une journée toute belle qui commence comme un été qui s’étiole doucement vers l’automne et qui finira on ne sait pas encore comment… Une journée d’étomne, c’est la nouvelle saison ! ça a commencé hier soir, c’était la nuit déjà et on roulait dans la campagne thouarsaise à la recherche d’un  lieu dont on nous avait parlé… on roulait confiante, on roulait certaine d’arriver là tout de suite au Trompe Souris Café tellement ça paraissait évident et facile de le trouver même dans le noir. En fait on s’est heurtée à quelques obstacles, du genre pancarte absente et crac nous voilà partie traçant tournant bifurquant et au bout d’un moment maugréant ! Mais alors qu’on faisait un demi- tour pas trop contrôlé bloquant la route voilà qu’une voiture passa : une aubaine dans ce désert tout noir… les passagers connaissaient  de réputation ce Trompe Souris Café et nous voici repartant avec une nouvelle information et la certitude que cet endroit existait bien… mais la nuit tous les chats sont gris, il nous manquait quelque chose pour parvenir au but… et nous sommes revenue au point de départ explorer la seule route  que nous n’avions pas encore prise… et là… un choc, le premier de la soirée : transportée aux abords d’un pont romain invraisemblable juste avec la lune et l’envie de faire pipi aussi… un pont comme on n’en n’avait jamais vu un pont sinueux bordé des deux côtés d’un muret, un pont étroit que nous avons parcouru à pied de peur de se retrouver coincée  par une garnison romaine. Là, il faut bien l’avouer, on était au bord de l’abandon mais ravie d’être là perdue aussi : renoncer ou persister entre rire et impatience… Mais la fourmi nous rappela au combien la patience pouvait nous aider en toute circonstance. Eurêka appeler celle qui pouvait nous sortir de cette impasse… puisque c’est elle qui connaissait… ma sœur… et le dernier indice offert là dans ce lieu perdu… peu après on est arrivée au Trompe Souris… par une route étroite et pentue digne d’un coin de montagne, là perdu au milieu de nulle part un lieu si on vous dit magnifique ça vous dit quoi ? étonnant atypique extraordinaire fabuleux génial formidable, un ailleurs, une entité, une île, un havre, un de ces lieux où l’on sait que l’on est chez soi à la seconde, un lieu qui respire, un lieu qui raconte, un lieu qui fait du bien… avec trois cerises sur le gâteau : les patrons – faudrait trouver un autre qualificatif mais bon- sont adorables simples et chaleureux… et on mange, on boit divinement bien pour un prix très raisonnable… jamais on n’a été si bien accueillie dans un restaurant-café … Une confiance et une tranquillité d’exception…
Alors, nous y sommes revenue aujourd’hui  pour voir si de jour c’était pareil ! ben c’est pareil vraiment pareil : situé en bordure du Thouaret, on se croirait en montagne ! Une terrasse perchée tout autour, dedans une expo de peinture très joyeuse, un mobilier chaleureux, de la beauté… un coin coussin directement taillé dans la roche, de la presse à disposition, enfin de la presse quoi pas la presse imposée partout… Et puis aussi des rochers énormes dans l’eau qui court en petites cascades, l’eau vive comme un torrent… une roche rose, il paraîtrait qu’on est au bout du massif armoricain… tiens qui l’eût cru La Bretagne sous nos pieds ! sûr qu’on est comme à la maison…  Et là… on s’entend dire ça…  
« Ah c’est vous La Maison du Chat Bleu ? »  
« ben oui c’est moi ! »  
Dernière cerise : ici, ils connaissent La Maison du Chat Bleu ! YEP !

L’édito de La Taupe n°97

De là où on vous écrit tout est vivant une sorte de bout du monde comme on les aime où le vent parle une langue familière, une sorte de promontoire d’où tout semble possible, infini. Dans les nuages on se trouve il fait frais un peu gris un peu nuit un peu automne très parfumée d’odeur de terre mouillée. Une clochette cristalline chante, une vague rumeur et tiens, voilà qu’une grenouille se chante ! serait-ce un prince, une princesse ? il pleut, il pleut ! c’est la fête aux amoureux !

L’édito de La Taupe n°96

Alors voilà deux mois de silence écoulé. Le silence s’écoule plus ou moins vite pas toujours facile de savoir s’il est là ou pas parfois on dirait qu’il dort parfois qu’il assourdit parfois qu’il disparaît. Deux mois de repos pour la maison qui ne semble pas connaître l’ennui. Hm l’ennui… qui connait l’an nuit, la taupe oui, l’humain oui, le chien peut- être… et cette solitude aussi parfois tellement douce parfois tellement insupportable… mais tellement nécessaire… ah l’équilibre le bel équilibre dans le déséquilibre qui ne cherche pas ça ? La taupe non, l’humain parfois et le chien lui ? il dort il dort tellement !

L’édito de La Taupe n°95

LaTaupe1Ben voilà on s’est glissée discrètement dans le cerveau de Anne Danais sans faire de bruit pour capter quelques scoops ou autres pensées de la dite patronne du lieu…
On dirait qu’elle dort mais il semble que non…
« J’suis contente d’être là posée là sur cet endroit… pour moi le sacré c’est ça c’est l’énergie qui circule ces moments de grâce où tout va dans le même sens c’est un bateau une embarcation dessus y’a du monde un petit monde chacun sa rame sa pagaie chacun son rythme même les yeux fermés même absente le fleuve continue de couler je le sais c’est la présence de soi à soi et puis cet état proche de l’épuisement à la lisière du possible ce fil tendu être dessus juste ne pas tomber juste être dessus comme un oiseau sur la branche… faire, créer du rêve, être dans ce courant là le courant du rêve, initier ça et hop ! »
Ah voilà ça a coupé… elle dort on dirait mais il semble que non… BON EH BEN à ce week-end alors… ça va être beau mais pas comme d’habitude une habitude peut-elle être belle ? on vous espère…

L’édito de La Taupe n°94

Alors le sacré c’est quoi pour toi ? il te reste quelques jours pour te pencher sur cette question qui appelle des réponses on ne peut plus personnelles. En fait on n’a pas trouvé encore… C’est pas faute d’avoir posé la question. Non c’est faute d’espace pour rêver faute de vacuité et puis on sait bien que c’est pas la peine d’être prêt trop en avance car trop tôt c’est trop tôt… le mieux c’est d’être là au bon moment ni trop tôt ni trop tard… comment ça se dit d’ailleurs ? y a pas de mot pour dire entre tôt et tard ? entre trop tôt et trop tard… ben voilà… ça manque à notre vocabulaire, et sans doute à notre pensée tiens… c’est pas ça qui est sacré, hein ? d’être là au bon endroit au bon moment ? Mais quand même c’est un peu long comme formule être là au bon endroit au bon moment… ça sonne pas très bien en bouche pourtant c’est ça qui compte… va falloir trouver quelque chose… c’est peut-être même ça qui manque, qui nous manque… bon ben si jamais une idée vous venait, si tu sais comment dire… fais signe… là on trouve pas !

L’édito de La Taupe n°93

LaTaupe1Vous reprendrez bien une petite guerre ? hein ? ah le joli mois de mai, ah le joli printemps… ah les armes à feu les tanks les joyeuses bombes et autres gadgets… ah chères armées de tous les pays vous avez encore de beaux jours devant vous… pas de répit, pas de repos Au boulot toujours et encore Allez vous reprendrez bien une petite guerre une jolie guerre toute neuve ou de derrière les fagots, une guerre intraitable, une guerre sans merci, de guerre à terre, de guerre à mer de guerre amère… ah que la guerre est jolie comme elle semble nous nourrir tous autant que nous sommes… on se demande ce qui se passerait sur une terre en paix… une humanité en paix supporterait-elle le silence, que deviendraient nos médi…ahs et ses serviteurs, que deviendraient notre journal et son patron vendeur de canons et ses journaleux paillassons, que deviendraient le premier président notre premier menteur, son premier ministre redresseur de France… que deviendraient les repas quotidiens si télé joyeuse soudain, si radio paisible si messages de paix, si poésie… quel ennui… de quoi on parlerait sans tueries sans drames… on parlerait de quoi… des choses à dire encore ? ou bien le silence on goûterait… hm ? peut-être !

L’édito de La Taupe n°92

LaTaupe1« Ce qui peut sauver le Monde c’est la vision poétique et ça, il est donné à chacun de l’avoir, chacun peut l’avoir en lui, c’est une affaire, encore une fois de nettoyer les fenêtres de la perception, de se délivrer de tout ce qui nous charge, des lois, des habitudes, de la routine, de tout ce qui entrave notre être intérieur, notre regard pour s’ouvrir à l’immense… c’est une chose possible moi j’y crois tout à fait » sur France Culture entre 20h et 20h30.
Voilà c’est ça qu’on a entendu en allumant la radio le dernier dimanche soir de mars. Vous vous rappelez ? c’était beau d’entendre ça, justement ce dimanche soir-là.. une très belle voix de femme qui disait ça… oui c’était fort d’entendre cette voix-là justement ce soir-là. Ça nous a fait du bien de rester à écouter cette voix parler de poésie et d’espoir.
C’était tellement à propos… hors commentaires des batailles qui venaient d’avoir lieu… enfin batailles simulacrées … hm tristes victoires tristes batailles. Ne parlons pas de ces victoires-là. Ça sert à rien ni d’en parler ni d’écouter.
Ne pleurons pas rien n’est perdu.
Tout est à réinventer.
(Pour info : En 1995 il a remporté 1363 sièges, en 2014 1180. En 1995 plus grande ville était Toulon, 170000h en 2014 Fréjus avec 52000 habitants… qui ça il ? ben devinez ! sur Rue89)

L’édito de La Taupe n°91

Puisque l’été s’installe au milieu de l’hiver et bien avant que le printemps soit vraiment là officiellement, tout semble se mélanger… il faut s’attendre à tout… fini le temps des torchons et des serviettes… tout se mélange… bientôt nous aurons la mer à nos pieds, la rivière aura rejoint le désert, les bateaux vogueront à quai, la lumière brillera la nuit, l’homme pissera par l’oreille, la femme nourrira son enfant avec le lait de ses cheveux, le chemin passera par-dessus le toit, le toit protégera la pluie et ses grêlons, la neige sera bleue turquoise, le ciel rouge immaculé, la peau du serpent poilue, le ventre joufflu de la terre exsangue, le lilas fleurira en décembre et Noël aura définitivement disparu, impossible de savoir le moment pour manger l’oie rôtie qui se prendra pour un lapin… Alors plus que jamais profiter du moment présent. Plus que jamais prendre de la force et du courage, plus que jamais se dire, oser se dire, dire non je ne veux pas ça, ça ne me convient pas, je choisis autre chose, un autre chemin… je choisis ma vie.

L’édito de La Taupe n°90

Bon bon février est lancé eh eh… tant d’eau dans le ciel que la lumière, les lumières rivalisent de beauté. Vous reprendrez bien une petite giboulée sur le coin du museau : giboulée toute l’année, mars est détrôné, doit bouder dans son coin. Il n’a plus la primeur. Pourvu qu’il ne se venge pas du coup avec des grêlons plus gros que des ballons… la susceptibilité se niche partout, c’est bien le drame souvent… vouloir être le meilleur, toujours se comparer, comme c’est fatigant et inutile… ou alors il faudrait se comparer à quelque chose qui n’aurait rien à voir avec soi… les humains pourraient se comparer aux mois (quoique l’idée n’est peut-être pas bonne mais au moins pendant qu’ils feraient ça ils ne penseraient pas à jalouser le voisin…), et puis les mois pourraient se comparer aux compas par exemple, les compas aux sardines, les sardines aux œillets, les œillets aux jardiniers, les jardiniers à la mer, la mer à la vie, la vie au soldat de plomb, le soldat de plomb à la rivière, la rivière à la pierre, la pierre à la girafe… on pourrait essayer ça non ?

L’édito de La Taupe n°89

LaTaupe1Il pleut non ? nous voilà moussue maintenant à force plus de pieds, des palmes, plus de peau des écailles, transformée en sirène… la sirène du marais n’est pas la même que celle de la mer. La sirène du marais est petite elle ressemble à un gardon avec des pattes de canard, elle ne chante pas, son seul pouvoir c’est son regard, tu la regardes et elle t’attrape et tu ne peux rien y faire… et là quand l’eau monte c’est le plus dangereux, plus de repères plus que de l’eau et le ciel. La sirène est là presque insignifiante, elle profite pour nager partout, les pêcheurs ne reviennent plus au bercail ils se font attraper ils disparaissent engloutis. La sirène du marais ne leur fait pas de mal elle les mets dans son nid, elle les y entasse et s’y blottit la nuit, elle fait une collection et quand le temps revient au beau, elle disparaît. Les pêcheurs se réveillent dans le nid entassés, un peu gênés… et puis rentrent chez eux pas très à l’aise quand même… heureux sont ceux qui n’ont pas de foyer… on ne leur demande rien à ceux-là.

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